Au Brésil, le scandale Petrobras brasse la classe politique

Une pancarte campant la présidente brésilienne Dilma Roussef aux côtés des dirigeants de Petrobras inculpés dans le scandale financier.
Une pancarte campant la présidente brésilienne Dilma Roussef aux côtés des dirigeants de Petrobras inculpés dans le scandale financier. © Reuters
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POTS-DE-VINS ET PÉTROLE - Un scandale de pots-de-vin éclabousse la majorité gouvernementale à quelques semaines de l’élection présidentielle.

 Pire que la Coupe du monde, le scandale Petrobras. Le désastre sportif et social de la Coupe du monde avait déjà largement entamé sa cote de popularité. Mais à trois semaines du premier tour d’une élection présidentielle (5 octobre) qui semble bien compromise pour elle, Dilma Roussef, la chef de l’Etat brésilien, doit faire face à un scandale politico-financier qui implique des dizaines de membres de la majorité gouvernementale. Le ministre de l’Energie, trois gouverneurs d’Etat, six sénateurs et des dizaines de parlementaires membres du Parti des Travailleurs de la présidente sont accusés d’avoir touché des commissions occultes sur des contrats passés par le géant pétrolier Petrobras, contrôlé par l’Etat.

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Costa dénonce un système de corruption. Tout est parti des aveux de Paulo Roberto Costa, ancien dirigeant de Petrobras de 2004 à 2012 aujourd’hui mis en examen. S’il risque 30 ans de prison dans des affaires de corruption, l’homme d’affaires a décidé de ne pas tomber seul, puisqu’il accuse une quarantaine de politiciens d’avoir empoché des commissions allant jusqu’à 3% de la valeur des contrats passés par Petrobras, en échange de leur vote pour valider les achats au Congrès.

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Un rachat 25 fois supérieur au prix initial. Parmi les faits reprochés dans la gestion de Petrobras, l’observatoire des multinationales cite le rachat d’une raffinerie située à Pasadena, au Texas, appartenant au groupe Astra Oil, détenu par Albert Frère. Acquise pour 42.5 millions de dollars, il en aurait revendu la moitié l’année suivante pour 360 millions et la seconde moitié 820 millions de dollars. Le journal O Estado do Minas (en portugais) souligne ainsi que la holding d’Albert Frère GBL a par la suite financé la campagne de Dilma Roussef à hauteur de un million de reals en 2010. Signe selon certains observateurs de la proximité avec le Parti des Travailleurs, déjà au gouvernement.

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Un précédent au sein du parti des Travailleurs. "Si je parle, il n’y aura pas d’élection", avait professé Paulo Roberto Costa. Celui qu’on surnomme "Paulinho" au Brésil s’est tout de même exprimé, et si les élections devraient se tenir, ses déclarations fracassantes dans les colonnes des journaux brésiliens Veja et d’Estado de Sao Paulo ont achevé de faire chuter la candidate à sa propre succession dans les sondages, où elle est actuellement annoncée derrière la surprenante Marina Silva (Parti Socialiste).

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Le temps joue contre elle. Sur son site internet, The Economist compare la situation de Dilma Roussef à celle de son prédécesseur Lula. En 2005, l’ancien président brésilien également membre du Parti des Travailleurs avait du faire face à un scandale d’achats de votes au Congrès menés par des membres de sa majorité. Comme Lula à l’époque, Dilma Roussef n’est pas impliquée personnellement dans l’affaire. Mais The Economist souligne que son prédécesseur avait eu un an pour remonter dans les sondages. L’actuelle présidente brésilienne, elle, n’a que trois semaines.