Après Trump, place à Netanyahou : Macron soigne sa stature internationale

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Emmanuel Macron s’est félicité de la visite de Donald Trump.
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Trump, Netanyahou, Poutine, Merkel... Macron se confie dans les colonnes du "Journal du Dimanche" sur ses rapports avec les grands dirigeants, esquissant les contours de sa politique diplomatique.

"Trump m’a écouté". Dans les colonnes du Journal du Dimanche, le président de la République ne doute pas d’avoir pu infléchir la position du président américain sur l’Accord de Paris au terme de sa visite en France. "Je pense que Donald Trump est reparti avec une meilleure image de la France qu’à son arrivée", se félicite-t-il encore. Et deux jours après le départ du "Commander in chief", c’est déjà une autre séquence diplomatique qui s’ouvre avec la venue dimanche du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou.

Poser des jalons. Le responsable assistera dans la matinée aux commémorations du 75e anniversaire de la rafle du Vel’ d’Hiv'. C’est la première fois, comme le rappelle le JDD, qu’un chef de gouvernement israélien est présent à une telle cérémonie en France. Mais Emmanuel Macron assure à l’hebdomadaire ne pas "chercher à confondre le sujet de la commémoration et la relation franco-israélienne en tant que telle". Dans le domaine, il pourrait bien marcher sur des œufs, lui qui a déclaré il y a quelques semaines quant à la colonisation des territoires palestiniens, en marge d’une rencontre avec Mahmoud Abbas : "La France a toujours condamné et condamne la poursuite de la colonisation, qui est illégale au regard du droit international. Elle a atteint depuis le début de l’année un niveau sans précédent et ces décisions envoient un signal très négatif qui ne peut que nuire à la confiance nécessaire". Emmanuel Macron indique vouloir "entamer la relation avec Benjamin Netanyahou en posant des jalons, mais avec le sens du temps".

Reconstruire la relation franco-russe. Emmanuel Macron, un peu plus de deux mois après son arrivée à l’Elysée, continue donc d’avancer dans la diplomatie internationale de haut vol. Les visites de Mahmoud Abbas, de Donald Trump et de Benjamin Netanyahou font suite à celle, en grande pompe, de Vladimir Poutine, reçu à Versailles fin mai. Revenant sur cette rencontre, toujours dans les colonnes du JDD, le président assure que la relation franco-russe, qui s’était fortement crispée à la fin de la présidence Hollande, se dirige vers une embellie, en dépit des soupçons de piratage russe sur la campagne du président. "L’ingérence russe dans la campagne française a été le sujet quasi exclusif de notre premier entretien téléphonique. Je lui ai dit quels étaient les éléments factuels en ma possession sur le piratage informatique et le comportement de certains médias", reconnaît Emmanuel Macron, qui précise néanmoins : "Ces sujets de susceptibilité ne doivent pas perturber notre relation bilatérale".

Le dossier syrien. Et d’autant plus que la Russie est devenue un acteur incontournable dans la résolution de la crise syrienne. Sur ce point, Emmanuel Macron assume une certaine inflexion par rapport à François Hollande : "Je suis sur une position qui consiste à dire que je ne fais pas de la destitution de Bachar un préalable à tout, mais à chercher comment on peut reconstruire cette région en éradiquant le terrorisme". Le président a toutefois fixé "deux lignes rouges" en ce domaine : "Je serai intraitable sur les armes chimiques. Si elles sont utilisées, je répliquerai – et je m’étais mis en situation opérationnelle de pouvoir le faire avant de le dire", explique-t-il. En outre, il "exige des accès humanitaires pour sauver les civils dans les théâtres d’opérations". "Je constate depuis la rencontre de Versailles que nous avançons sur ces deux sujets. Sur le terrain, la collaboration entre nos services sur ces sujets est totalement transformée".

" Avec Angela Merkel, j’ai un dialogue long, extrêmement direct, franc, amical et permanent "

Merkel, une partenaire privilégiée. Mais de Bruxelles au G7, c’est encore avec le partenaire allemand que le président s’est le plus affiché, lui qui avait fait de la reconstruction européenne l’un des points forts de son discours de campagne. "Avec Angela Merkel, j’ai un dialogue long, extrêmement direct, franc, amical et permanent", explique–t-il, évoquant les grandes heures du couple franco-allemand avec le tandem Mitterrand-Kohl. La chancelière aurait même "accepté de prendre en en compte des objectifs important de [sa] campagne", souligne-t-il, "en particulier sur le sujet des travailleurs détachés ou du dumping social", des domaines dans lesquels la position française est relativement isolées face aux autres partenaires européens. Jeudi, Emmanuel Macron doit également s'entretenir avec Martin Schulz, président fédéral du Parti social-démocrate d’Allemagne et candidat contre Angela Merkel aux élections de septembre prochain. L'occasion, peut-être, d'envisager une porte de sortie aux relations franco-allemande si la chancelière devait chuter.