Angleterre : trois suicides de jeunes migrants passés par Calais

Trois jeunes migrants érythréens se sont donné la mort en six mois en Angleterre. Photo d'illustration.
Trois jeunes migrants érythréens se sont donné la mort en six mois en Angleterre. Photo d'illustration. © CHRISTOPHE ARCHAMBAULT / AFP
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Au moins trois jeunes hommes érythréens, passés par Calais alors qu'ils étaient encore mineurs avant de rejoindre l'Angleterre, se sont suicidés ces six derniers mois.

Ils avaient entre 18 et 19 ans. Filmon Yemane, Alexander Tekle et N, trois hommes érythréens, se sont suicidés en Angleterre au cours des six derniers mois. Passés par Calais alors qu'ils étaient encore mineurs, tous trois se connaissaient. Et leur geste relance la question de la prise en charge de ces très jeunes réfugiés, tant en France qu'outre-manche, rapporte le Guardian

Un jeune en "état de crise". Filmon Yemane, qui venait de fêter ses 18 ans lorsqu'il s'est tué, en novembre dernier, était en effet en "état de crise" dans les 24 heures précédant son suicide, écrit le journal britannique. Et bien que les employés du centre d'hébergement dans lequel il se trouvaient aient signalé une dégradation de sa santé mentale, il semblerait qu'ils n'aient pas pris la mesure de la gravité de la situation. Une pré-enquête a également été ouverte sur le cas d'Alexander Tekle, qui s'est ôté la vie en décembre.

Traumatismes. Si le Guardian précise qu'il est impossible de connaître exactement les raisons du geste des trois jeunes hommes, "tous avaient vécu des expériences extrêmement traumatisantes en ayant fuit la guerre et rencontré de multiples dangers sur la route vers le Royaume-Uni, notamment dans l'environnement souvent violent de la jungle de Calais". "Les gens qui les connaissaient ont dit qu'ils avaient trouvé le processus de demande d'asile au Royaume-Uni extrêmement stressant", rapporte également le quotidien. Hamid, un quatrième Erythréen proche des trois premiers, a témoigné en disant que la lenteur de l'administration britannique les inquiétait beaucoup.

Prise en charge défaillante. Benjamin Hunter, un bénévole qui a travaillé à Calais, raconte également au Guardian avoir rencontré Alexander Tekle. "Alex a vécu des choses profondément traumatisantes pendant son voyage, en particulier en Libye et à Calais", souligne-t-il. Le jeune homme avait vécu dans la jungle "seul dans une tente pendant un an, exposé aux abus et à la négligence". Une fois au Royaume-Uni, il avait eu beaucoup de difficultés, notamment avec l'alcool, atterrissant parfois dans la rue. Et Benjamin Hunter de préciser que, confondu avec un adulte car ses papiers d'identité avaient mis beaucoup de temps à arriver en Grande-Bretagne, Alexander Tekle n'avait pas correctement été pris en charge.

Barrière de la langue, solitude, manque de soins... le Guardian liste les problèmes auxquels sont exposés les réfugiés, notamment les plus jeunes, potentiellement plus fragiles. Autant de difficultés pouvant expliquer ces suicides, qui restent difficilement quantifiables.