Amnesty dénonce le renvoi des Afghans par les pays européens

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Près de 9.500 Afghans ont été renvoyés dans leur pays d'origine en 2016 © ROBERT ATANASOVSKI / AFP
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avec AFP , modifié à
Près de 9.500 Afghans ont été remis dans l'avion pour Kaboul depuis un pays européen en 2016, soit près de trois fois plus qu'en 2015, et ce malgré les dangers que représente un retour. 

Amnesty International accuse les gouvernements européens d'avoir mis en danger des milliers d'Afghans candidats à l'asile en les renvoyant de force dans leur pays malgré une insécurité croissante.

Un nombre de renvois croissant. Selon l'organisation de défense des droits de l'homme, près de 9.500 Afghans ont été remis dans l'avion pour Kaboul en 2016 après que leur demande d'asile a été déboutée en Europe, contre moins de 3.300 en 2015. "Au moment où les victimes civiles n'ont jamais été si nombreuses en Afghanistan, les gouvernements européens renvoient de force toujours plus de demandeurs d'asile vers les dangers qu'ils ont fuis en violation flagrante du droit international", affirme l'organisation dans un rapport publié jeudi.

De moins en moins d'octrois de droit d'asile. Amnesty se fonde sur les statistiques officielles de l'UE montrant qu'entre 2015 et 2016, le nombre d'Afghans de retour d'Europe où ils avaient tenté de trouver refuge a quasiment triplé, passant de 3.290 à 9.460. L'ampleur des retours est exactement inverse à l'octroi du droit d'asile, passé de 68% (des demandes) en septembre 2015 à 33% en décembre 2016, insiste l'organisation.

Une "politique imprudente et illégale". Le rapport "Renvoyés de force vers l'insécurité : l'Europe renvoi les demandeurs d'asile en Afghanistan" détaille le cas d'Afghans rentrés de Norvège, des Pays-Bas, de Suède ou d'Allemagne et qui "ont été tués ou blessés dans des attentats, ou vivent dans la peur d'être persécutés en raison de leur orientation sexuelle ou de leur conversion au christianisme".

"Déterminés à augmenter le nombre d'expulsions, les gouvernements européens conduisent une politique imprudente et illégale. Sourds aux preuves d'une violence record en Afghanistan, à laquelle aucune région n'échappe, ils exposent les gens aux risques de torture, d'enlèvement et à la mort", estime Anna Shea, chercheuse de Amnesty sur le droit des migrants et des réfugiés.

De plus en plus de violences contre les civils. Selon la Mission de l'ONU en Afghanistan (Manua), 11.418 civils ont été tués ou blessés en 2016 ; les civils ont été frappés partout dans le pays, la plupart du temps par des insurgés armés comme les talibans et le groupe État islamique et dans des affrontements avec l'armée. Sur les six premiers mois de l'année 2017, la Manua a documenté plus de cinq mille deux cents cas de victimes civiles. La plupart des ambassades occidentales ont réduit leur personnel après l'attentat au camion piégé, le 31 mai à Kaboul, qui a fait au moins 150 morts et 400 blessés, la pire attaque depuis 2001.