Une ville belge bannit la langue française

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Frédéric Frangeul avec Lionel Gougelot , modifié à
Les fonctionnaires sont invités à rester muets ou à communiquer par signe avec les francophones.

L’INFO. Le dessin d'une maison pour une attestation de domicile, un drapeau pour un passeport : à Menin, petite ville de Flandre belge située à la frontière française, les administrés francophones ne seront plus reçus en français mais en langue des signes et par des pictogrammes.

Le néerlandais, seule langue légale. Située à un jet de pierre de Lille, la ville de 32.000 habitants compte de nombreux résidents français. Elle partage même sa rue principale avec Halluin, sa voisine située en France. Mais depuis 1996, la loi belge stipule que les deux plus grandes régions belges sont "unilingues": les communes situées en Flandre, au Nord, sont administrées en néerlandais et celles en Wallonie, au Sud, en français. Ainsi à Menin, malgré sa proximité avec la France et la Wallonie, et malgré ses quelque 1.600 habitants français ou francophones, est une commune où le néerlandais est la seule langue légale de l'administration.

"On veut intégrer les gens". La bourgmestre de la ville, la chrétien-démocrate flamande Martine Fournier, qui gère la municipalité avec le parti nationaliste Nouvelle alliance flamande (N-VA), a décidé d'appliquer strictement la loi et d'interdire, à partir du 1er janvier, que les fonctionnaires de son administration s'adressent en français aux personnes qui se présentent aux guichets sans connaissance du néerlandais. Niant toute discrimination, Martine Fournier explique vouloir "encourager les gens qui viennent à Menin à apprendre le Néerlandais". "On veut intégrer les gens", précise-t-elle au micro d’Europe 1.

L’usage du français réservé aux urgences vitales. Concrètement, les fonctionnaires locaux, lorsqu'ils seront confrontés à des francophones, devront soit garder le silence, soit leur expliquer les démarches à suivre en leur montrant des images  ou en s'exprimant par signe. La mesure a reçu le soutien du ministre régional chargé de l'Intégration, Geert Bourgeois, qui l'a jugée "logique", en rappelant qu'à Lille, un citoyen flamand n'est jamais servi en néerlandais. A ceci près qu'en France, le néerlandais n'est pas une langue officielle.

Une formation pour les employés. Le conseil municipal n’entend de toute façon pas revenir sur sa décision. Les fonctionnaires recevront même une formation pour leur apprendre à gérer les situations de tension face aux francophones qui seraient déstabilisés par la généralisation du néerlandais.