Un mouchard policier hors de contrôle

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Un cheval de Troie, conçu par la police de Bavière et outrepassant la loi, a été mis à jour.

L’information est sur tous les sites d’information et se retrouvera mardi matin probablement en première des journaux. La police bavaroise a mis au point un mouchard informatique qui permet d’avoir accès à bien plus d’information que la loi ne le permet.

L’existence de cheval de Troie, un virus informatique qui permet d’infiltrer un ordinateur sans que son utilisateur ne s’en rende compte, a été révélée samedi par le Chaos Computer Club (CCC), l’une des associations de (gentils) hackers les plus respectées au monde.

Le gouvernement fédéral s'était abstenu, dans un premier temps, de confirmer l'origine du virus, mais le ministère de l'Intérieur de Bavière a reconnu dans la soirée qu'il avait été mis au point en 2009 pour sa police régionale.

Un espionnage au-delà de limites constitutionnelles

Les services de police et de renseignement ont le droit de recourir à de tels outils informatiques mais seulement en cas de menace terroriste ou d’atteinte à la sûreté de l’Etat. Mais la cour constitutionnelle n’autorise d’espionner qu’un nombre limité d’informations, principalement des échanges de mail.

Or le virus découvert donne accès à bien plus d’informations que la loi allemande ne le permet, comme le souligne le quotidien Die Zeit. Pire, ce virus a été mal conçu et permet à d’autres utilisateurs que la police de s’en servir pour espionner les internautes, le Chaos Computer Club évoquant des "des erreurs grossières".

Le gouvernement embarrassé, l’opposition indignée

Le scandale est retentissant dans un pays traumatisé par l’espionnage d’Etat dans sa partie Est et donc très à cheval sur le respect de la vie privé. Visiblement embarrassé, le ministère de l’Intérieur a tenu à préciser qu’il n’avait rien à voir avec ce virus, qu’il n’avait pas encore été utilisé et qu’il s’agissait d’une invention de la région de Bavière.

Les partis politiques d’opposition ont dénoncé une grave dérive, le SPD (gauche) dénonçant "une éclatante violation des libertés publiques". Mais l’indignation a même atteint le gouvernement : la ministre de la Justice, Sabine Leutheusser-Schnarrenberger, a estimé que l’Etat n’avait pas le droit d’utiliser de tels logiciels et a demandé une enquête.

Le parti pirate, relativement influent outre-Rhin, n’a pas manqué de réagir vivement à cette découverte, son site internet s’ouvrant sur un article de son secrétaire général intitulé "Je suis indigné !".