USA : comment les candidats s'écharpent

Mitt Romney tape sur le bilan économique de Barack Obama. Ce dernier, lui, s'en prend à la personnalité et au parcours de son rival.
Mitt Romney tape sur le bilan économique de Barack Obama. Ce dernier, lui, s'en prend à la personnalité et au parcours de son rival. © REUTERS
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avec agences , modifié à
ZOOM - Les camps républicains et démocrates ont chacun leurs attaques bien à eux.

Les campagnes électorales américaines sont réputées pour leur violence. Les candidats et leurs soutiens sortent le bazooka et font rarement dans la dentelle, quitte à prendre parfois quelques libertés avec la vérité. Pour Barack Obama, Mitt Romney n'est qu'un homme d'affaires sans scrupules. Mitt Romney, lui, impute au président toute la responsabilité du chômage et de la dette des Etats-Unis. Revue de détail des arguments d'attaque utilisés dans chaque camp.

Les arguments du côté républicain

mitt romney, discours d'acceptation à Tampa

© REUTERS

L'économie en première ligne. Croissance en berne, chômage endémique, dette abyssale : en matière d'économie, le bilan de Barack Obama prête le flanc aux critiques. Une officine pro-républicaine  a financé au mois de mai un clip à 25 millions de dollars pour dénoncer l'augmentation de la dette, dont le montant atteint 16.000 milliards de dollars. Pendant toute la durée de la convention de Tampa, une "horloge de la dette" a affiché, en temps réel, le montant de la dette.

Dans un autre clip de campagne diffusé en juin, Mitt Romney reprend des propos maladroits de Barack Obama, qui assurait que le secteur privé "se portait bien". "Non Monsieur le président, le secteur privé ne se porte pas bien", rétorque le candidat. Quant à Paul Ryan, son flamboyant colistier, il a carrément sorti la mitraillette et fait de Barack Obama un fossoyeur d'entreprises. Paul Ryan l'a en effet accusé d'avoir causé la fermeture d'une usine dans sa ville natale de Janesville, dans le Wisconsin. Et tant pis si les médias américains ont relevé que l'usine avait en réalité fermé en 2008, avant l'investiture du président.

Un président qui a déçu. Porteur d'un grand espoir lors de son élection en 2008, prix Nobel de la Paix au tout début de son mandat, Barack Obama ne pouvait que décevoir. Mitt Romney compte sur cette déception pour engranger des voix et joue la carte à fond. "Vous savez que quelque chose cloche quand ce que vous avez le plus apprécié de son mandat, c'est le moment où vous avez voté pour lui". Pour draguer les déçus de Barack Obama, Mitt Romney ne mâche pas ses mots. Alors qu'Obama veut sauver le monde, en promettant de "freiner la montée des océans et de guérir la planète", le républicain,lui, s'érige en protecteur : "ma promesse est de vous aider, vous et votre famille".

L'ennemi de l'Amérique. L'ex-candidat à la présidence John McCain a estimé qu'Obama avait "trahi les valeurs" de l'Amérique. "Depuis quatre ans, nous avons peu à peu abandonné notre fière tradition d'assurer le leadership mondial", a-t-il lancé. Sur ce thème, un documentaire de Dinesh D'Souza, "2016 : Obama'America", dresse le portrait d'un Barack Obama profondément anticolonialiste dont le but est de détruire l'Amérique. D'abord sorti dans quelques salles, ce brûlot anti-Obama a connu un rapide succès et figure dans le top 10 du box-office américain.

La bande-annonce de 2016 : Obama's America

Les arguments du côté démocrate

Paul Ryan, une cible de choix. Depuis la nomination de l'ultraconservateur Paul Ryan comme colisiter de Mitt Romney, les démocrates se frottent les mains. Les positions du jeune représentant du Wisconsin, censé renforcer Mitt Romney auprès de la frange la plus à droite des républicains, leur semblent en effet on ne peut plus rétrogrades. Aussitôt après l'annonce officielle, l'équipe de Barack Obama a dégainé un clip vidéo mettant en scène Paul Ryan dans un décor façon années 30, avec ce commentaire : "ses opinions viennent tout droit d'une ère révolue". Partisan d'une réduction drastique des dépenses publiques, farouchement anti-avortement, il ferait, selon le camp démocrate, "revenir le pays en arrière, vers une époque très différente". 

"Qui est Paul Ryan ?" se demandent les démocrates dans cette vidéo :

Mitt Romney, un entrepreneur sans cœur... Le candidat républicain aime mettre en avant son expérience d'homme d'affaires, mais pour le camp démocrate, Mitt Romney n'est autre qu'un "vautour" richissime et sans scrupules, responsable de nombreuses délocalisations quand il travaillait pour le fonds d'investissement Bain Capital. Et depuis qu'elle a appris que Mitt Romney était détenteur de comptes dans des paradis fiscaux, l'équipe de Barack Obama s'en donne à cœur joie. Dans un clip qui lui a valu les foudres de Berne, elle a ainsi mis en scène Mitt Romney dans le monde de Miss Swiss Bank Account (Miss compte en Suisse). Cette jeune femme blonde court-vêtue chante, sur l'air du tube des années 90 "Barbie Girl", l'allure du candidat aux cheveux "en argent", tandis que défile sur l'écran une liste des pays dans lesquels il aurait des comptes.

La Suisse a peu apprécié ce clip raillant Mitt Romney :

… Qui veut favoriser les plus riches.

Barack Obama concentre une partie de ses attaques sur la politique fiscale prônée par Mitt Romney, qu'il accuse de vouloir favoriser les plus riches. "La pièce maîtresse de tout le programme économique de mon opposant est une nouvelle réduction d'impôts de 5.000 milliards de dollars, dont une bonne partie pour les Américains les plus riches", a ainsi lancé le président il y a quelques jours, ajoutant que Paul Ryan avait "présenté un projet qui permettrait au gouverneur Romney de payer moins de 1% d'impôts par an". Quant aux appels répétés des équipes d'Obama enjoignant Mitt Romney à dévoiler ses avis d'imposition depuis 2007, ils ont jusqu'ici reçu une fin de non-recevoir.