Tunisie : l’Etat vante un jour "historique"

Le ministre tunisien des Affaires étrangères était l'invité de Jean-Pierre Elkabbach.
Le ministre tunisien des Affaires étrangères était l'invité de Jean-Pierre Elkabbach. © Reuters
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S.H. , modifié à
Le chef de la diplomatie tunisienne croit en une conciliation entre Ben Ali et ses opposants.

Kamel Morjane, le ministre tunisien des Affaires étrangères, est allé sur Europe 1 dans le sens du président Ben Ali, qui prononçait la veille un discours télévisé destiné à calmer la colère de la rue. Le chef de l’Etat a demandé la cessation les tirs sur les manifestants. Il a également promis de ne pas briguer un nouveau mandat en 2014, et de réduire le prix des aliments de première nécessité. Un revirement inattendu.

Un "jour historique"

La Tunisie a vécu un "jour historique", comparable au 7 novembre 1987, jour de la prise de fonction de Ben Ali, a clamé le ministre. "Il y a un changement fondamental", a aussi jugé Kamel Morjane, vantant les mérites d’une société tunisienne "ouverte" et "démocratique". "Je suis certain qu’on sentira déjà le changement", a prédit le chef de la diplomatie tunisienne, qui a appelé les manifestants à la "responsabilité" et au pacifisme.

Mea culpa sur la répression

Kamel Morjane a indiqué que le président tunisien déplorait les morts dans les manifestations, qui se tiennent dans le pays depuis la mi-décembre. "C'est une faute à reconnaître et il l’a reconnue", a ainsi lâché le responsable. Le dernier bilan officiel, transmis jeudi, 23 personnes seraient mortes depuis le début de la crise, à la mi-décémbre.

"Le président est un homme de paroles, et je suis persuadé que ce qu’il a dit hier, il le fera", a ajouté le ministre tunisien des Affaires étrangères. Le discours prononcé sur la chaîne de télévision publique TV7 jeudi soir résulte d'une "correction claire et nette", a-t-il également analysé.

Ben Ali a "accepté le principe" d’élections libres

Le chef de la diplomatie a jugé qu’il était aujourd’hui possible de former un gouvernement d’union nationale, ce que réclament les mouvements d’opposition depuis des années. « Je crois que c'est faisable et je pense que c'est tout à fait même normal", a-t-il déclaré sur Europe 1.

"Le président l'a dit de façon directe, puisqu'il a décidé de la création d'une commission qui va nous proposer une révision du code électoral. Il a dit qu'on n'aura plus des élections parallèles, législatives et présidentielle. Par là, il a accepté le principe d'avoir des élections avant la présidentielle de 2014", a-t-il ainsi argumenté.

Depuis l’arrivée de Ben Ali au pouvoir, en 1987, jamais les élections ne se sont déroulées avec une réelle concurrence politique.

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