Syrie : "une guerre de chiens"

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INTERVIEW E1 - Invité d'Europe 1 Soir, Jean-Philippe Rémy, journaliste au quotidien Le Monde raconte dans un article publié lundi des scènes d’attaques aux armes chimiques dans le quartier de Jobar, juste à la sortie de Damas, en Syrie.

"Nous sommes partis dans l'idée d'aller à  Damas pour rendre compte de la situation dans la capitale. Sur la route, il y avait des rebelles qui nous disaient qu'il y avaient des attaques chimiques, des gaz, etc. On ne faisait pas trop attention parce qu'on se disait qu'il manquait des preuves. Nous étions extrêmement sceptiques", a-t-il affirmé. "Puis on a vu les premiers cas de soldats qui tournaient de l'œil, qui se plaignaient. Au début, on se demandait s'ils ne surjouaient pas. On avait toujours ce doute fondamental. Jusqu'à ce qu'on en voit de plus en plus et qu'on trouve 15, 20, 30 soldats d'un coup qui étaient affectés par les produits chimiques", a raconté Jean-Philippe Rémy dans Europe 1 Soir.

Ces rebelles ont souvent les mêmes symptômes : "des difficultés respiratoires aigües. C'est poignant. Ils ne peuvent plus actionner leurs muscles qui permettent de respirer. Ils sont en train d'étouffer les yeux exorbités. Ils sont en train de mourir, de sentir l'asphyxie gagner parfois avec des saignements", a assuré le journaliste du Monde. Mais les combattants ont également "les pupilles qui deviennent minuscules", des "rythmes cardiaques qui deviennent fous", des "vomissements"...

Toutefois, les rebelles "essayent de résister à la panique sur le front", a affirmé Jean-Philippe Rémy. "Ils n'ont pas beaucoup le choix. S'ils cèdent à al panique et le terrain, ils savent que le gouvernement enfonce les lignes. Dans toute cette guerre qui se déroule dans les ruines de ce quartier de Jobar, ce sont des forces équivalentes engagées dans une guerre très dure, quotidienne. On se tire des grenades. On se tire au RPG. Il y a des tireurs d'élites et qui font sauter des têtes. Les soldats sont fatigués. C'est une guerre de chiens qui se fait dans des boyaux, dans de la mort quotidienne qui est sale", a-t-il raconté.