Syrie : un Français au coeur de Damas

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avec Sandrine Andrei , modifié à
Un entrepreneur expatrié raconte la "situation irréelle" qui règne dans la capitale.

A quoi ressemble Damas aujourd'hui ? A une capitale coupée en deux, avec une guerre civile dans les quartiers rebelles d'un côté, et la vie presque normale dans les quartiers encore contrôlés par le pouvoir. C'est du "bon" côté que vit Jean-Pierre Duthion, un expatrié français qui travaille dans la capitale syrienne et qui habite à deux pas du palais présidentiel d'où Bachar al-Assad organise la répression.

"Les gens continuent de vivre"

"Tout cela est très irréel", lance-t-il d'emblée, interrogé par Europe 1 mercredi soir. "J'étais à la terrasse d'un café mardi en train de boire un verre et il y a des tirs qui avaient l'air d'être très, très proche. On entendait clairement des bruits de combat, de mitraillettes, une fumée noire est apparue après une déflagration, et les gens continuaient de boire leur verre. Ils continuaient de vivre, ils n'ont pas le choix", raconte-t-il encore.

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Installé depuis cinq ans à Damas, Jean-Pierre Duthion, la trentaine, reconnaît qu'il vit dans un quartier "privilégié". "Est-ce que j'ai déjà vu un type en arme qui se confronte à un autre type en arme? Non", précise-t-il  au Figaro. Sa situation tranche avec les intenses combats entre rebelles et pro-Assad depuis cinq jours dans la capitale, et qui ont encore fait une quarantaine de morts mercredi, selon une ONG.

Un verre en terrasse

Rare Occidental à être encore présent en Syrie, Jean-Pierre Duthion décrit sur Twitter l'ambiance qui règne à Damas. La vie, affirme-t-il, n'a pas tant changé encore que cela pour lui. "Vu de France, on a l'impression que c'est un pays à feu et à sang, mais, pour la majorité de gens comme moi, qui vivent en centre-ville, ça se traduit uniquement par l'augmentation du prix du gaz, par des choses indirectes, pas par des explosions en bas de la rue", détaille-t-il au Figaro.

Ainsi, dans la capitale, on peut boire un verre en terrasse sous le soleil tout en entendant les tirs alentours.

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"Evidemment, il n'y a que très peu de gens qui sortent. Une mère avec trois enfants va éviter d'aller prendre un café. Mais on n'est pas dans une ville fantôme qui attend la fin du monde. On est plus, je dirai, dans un moment de flottement", analyse l'entrepreneur sur Europe 1.

"La peur n'est pas suffisante" pour le faire fuir

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Les messages qu'il poste sur le site de micro-blogging montrent une atmosphère déroutante, qui peut rapidement évoluer. Ainsi, en moins de 24 heures, on passe d'une situation dangereuse à un climat presque normal.

A chaque heure, la situation peut évoluer. "Cette nuit, ça a beaucoup secoué, à partir d’une heure du matin, il y a eu des explosions, des tirs en quantité. Pour ce qui est de ce matin, il y a eu des tirs sporadiques, on a entendu des tirs au loin, c’est une situation qui reste tendue, mais un peu plus calme que ce qu’on a pu vivre cette nuit", témoigne Jean-Pierre Duthion, joint en milieu de journée jeudi par Europe 1.

Encouragé par le ministère des Affaires étrangères à quitter le pays, Jean-Pierre Duthion a préféré rester en Syrie, où il s'est forgé pendant ces cinq dernières années une vie et un réseau professionnel. "La peur n'est pas suffisante pour me faire tout plaquer", confie-t-il au Figaro, tout en reconnaissant que "c'est un pari extrêmement risqué".

L'entrepreneur est fiancé à une Syrienne chrétienne et souhaite continuer à vivre en Syrie, "une poudrière qui risque de sauter". Malgré le danger, les tensions et l'incertitude totale, la vie continue à Damas.