Syrie : référendum sur fond de répression

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avec AFP , modifié à
Les Syriens étaient appelés à se prononcer sur une Constitution instaurant "le pluralisme".

Ils sont venus déposer leur bulletin dans l'urne comme 14 millions de Syriens. Le président Bachar el-Assad et son épouse Asma ont voté dimanche à Damas dans le cadre d'un référendum sur la nouvelle Constitution.

Le président et son épouse ont frayé leur chemin avec difficulté dans les locaux de la télévision d’État, où les employés se pressaient pour les saluer et où la foule scandait "Dieu, la Syrie, Bachar et c'est tout". Le couple est passé ensuite derrière un rideau pour cocher les bulletins de vote avant de les glisser dans l'urne.

Regardez le couple accueilli avec ferveur :

La Syrie fait l'objet d'"une campagne médiatique", a déploré Bachar el-Assad, assurant que les médias étaient "très importants" mais qu'ils ne pouvaient pas "battre la réalité".

"Le régime cherche par ce biais à cacher ses crimes"

L'opposition et les militants pro-démocratie, qui exigent avant tout le départ du président syrien, ont appelé à boycotter ce scrutin, qualifié de "plaisanterie" par Washington. La mesure la plus spectaculaire est le remplacement de l'article 8 de la Constitution de 1973, qui stipule que le parti Baas "est le dirigeant de l'Etat et de la société", par une disposition instaurant le "pluralisme politique".

Cependant, le chef de l'Etat garde d'importants pouvoirs puisque c'est lui qui choisit le Premier ministre - et le gouvernement - indépendamment de la majorité parlementaire, et qu'il peut dans certains cas rejeter des lois. L'article 88 prévoit que le président ne peut être élu que pour deux septennats, mais l'article 155 précise que ces dispositions ne s'appliqueront qu'à partir de la prochaine élection présidentielle prévue en 2014, ce qui permet en théorie à Bachar al-Assad de rester au pouvoir encore 16 ans.

"C'est la première fois que les messages se bornent à inviter les citoyens à se rendre aux urnes, sans les inciter à voter pour la Constitution", a affirmé le ministre de l'Information, Adnane Mahmoud. Mais les Comités de coordination locaux, qui animent la contestation sur le terrain, ont appelé au boycottage et à la grève générale dimanche dans tout le pays "car le régime cherche par ce biais à cacher ses crimes".

Au total, 34 civils et 23 membres des forces de l'ordre sont morts dimanche, a annoncé dans la soirée l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), estimant que le référendum était une réussite uniquement "dans les médias gouvernementaux".