Syrie : Alep et ses écoles clandestines

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avec Didier François, envoyé spécial d'Europe 1 en Syrie. , modifié à
REPORTAGE - Les rebelles ont construit des établissements cachés au cœur même de la ville.

La vie reprend doucement à Alep. Malgré les pilonnages qui continuent à détruire une partie de cette ville du nord-ouest du pays, certains réfugiés ont préféré quitter les camps situés à la frontière turque face à l'hiver pour revenir s'installer, chez eux, dans la ville. Le commerce reprend progressivement pour permettre aux habitants de se fournir en pain. Les écoles, elles aussi, rouvrent leurs portes, mais loin de la ligne de front, cachées dans les entrelacs, serrés, des hauts immeubles de la ville.

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>> Didier François, envoyé spécial d’Europe 1 en Syrie, est allé visiter l’un de ces établissements.

Les écoles officielles ont été transformées en casernes par les rebelles. Alors, pour que les enfants puissent continuer à recevoir un enseignement, des commandants ont décidé d'ouvrir des établissements clandestins à Alep.

Pas un bruit, pas un cri d’enfant

Des lieux tenus secrets et très protégés où les enfants étudient en toute sécurité. Depuis l’extérieur, impossible de deviner que derrière les hauts murs se cache une école. Pas un bruit, pas un cri d’enfant ne vient briser le calme de la ruelle où l’école se situe. Mais une fois la porte franchie, on découvre les élèves qui jouent dans une minuscule cour de récréation en attendant leur prochaine leçon.

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Un hiver très froid touche Alep en ce moment, obligeant les enfants à garder leur manteau.
(c) 2013 Olivier Voisin / Édouard Élias

"Nous ne sommes pas seulement des combattants, nous protégeons les civils. De plus, nous devions faire quelque chose pour nos familles", confie l’un des rebelles, qui a aidé à construire l’établissement, au micro d’Europe 1.

Ce sont ces hommes qui défient le régime de Bachar al-Assad, qui ont défini le nouveau programme scolaire. Au menu, ce jour-là : mathématiques, anglais et religion. C’est d’ailleurs par la prière que commence la journée d’école.

 "Notre religion, c’est l’islam, et nous avons faim de notre religion, car pendant des années nous en avons été sevrés par un régime qui dévoyait le véritable islam" explique, Abou Youssouf, le directeur de l’établissement caché dans un bâtiment discret, loin de la ligne de front. "Donc, nous enseignons le coran, mais aussi l’anglais, l’arabe, l’algèbre. Bref, un peu de tout", conclut-il. Mais cette école enseigne aussi une matière inhabituelle : les champs révolutionnaires repris en cœur par les enfants avec le commandant.