Série de scandales à la Maison-Blanche

Le président américain a dû consacrer une grande partie de sa conférence de presse avec le Premier ministre britannique David Cameron aux affaires internes.
Le président américain a dû consacrer une grande partie de sa conférence de presse avec le Premier ministre britannique David Cameron aux affaires internes. © Reuters
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Charles Carrasco avec agences , modifié à
ZOOM - L'administration Obama est empêtrée dans une série d'affaires très embarrassantes.

L'INFO. Ces affaires pourraient bien plomber ce début de second mandat. Barack Obama est depuis quelques jours dans une posture difficile. Entre l'affaire du "Tea Party", celle de Benghazi et les supposées écoutes d'Associated Press, le président américain découvre ce qui arrive aux chefs d'Etat lorsqu'ils sont publiquement rattrapés par des effluves de scandales politico-financiers. Certains démocrates du camp d'Obama ne cachent plus leur inquiétude. Tour d'horizon de cette mauvaise passe de la Maison-Blanche.

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• Associated Press sur écoutes ? Une nouvelle couche de scandale est venue s'ajouter lundi aux soucis du président américain, lorsque l'agence de presse Associated Press a annoncé que deux mois de relevés d'appels de certains de ses journalistes avaient été saisis à l'instigation du parquet fédéral. L'agence a dénoncé une "intrusion massive et sans précédent", tandis que le département de la Justice s'est retranché derrière la nécessité de préserver "l'intégrité de l'enquête" dont les motifs restent encore flous. La Maison-Blanche a assuré n'avoir "aucune connaissance" de cette investigation. Toujours est-il que l'administration est "sous le feu" des critiques, constatait mardi le gros titre du journal USA Today.

Une enquête du fisc sur le "Tea Party" ? Les services fiscaux américains (IRS) ont affirmé vendredi avoir ciblé environ 75 groupes proches de la mouvance conservatrice et anti-impôts du Tea Party. Lois Lerner, une responsable du fisc américain, a expliqué que des groupes comportant les mots "Tea Party" et "patriote" avaient été sélectionnés par les fonctionnaires d'une cellule centralisatrice à Cincinnati pour un examen approfondi, selon plusieurs médias.

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Les républicains ont bondi sur l'affaire et parlent déjà de scandale politique. "L'admission par l'administration Obama que le fisc a ciblé des opposants politiques fait écho à certains des abus de pouvoir les plus honteux de l'histoire américaine du 20e siècle", a déclaré John Boehner, président républicain de la Chambre des représentants. Des enquêtes parlementaires vont être lancées au Congrès, y compris au Sénat, contrôlé par les alliés de Barack Obama. Certains conservateurs, élus ou éditorialistes, n'hésitent plus à évoquer ouvertement le fantôme du scandale du "Watergate" qui avait coûté sa présidence à Richard Nixon en 1974.

Une enquête a été ouverte pour déterminer si l'administration fiscale américaine avait enfreint la loi, a annoncé mardi le ministre de la Justice, Eric Holder.

La réponse d'Obama : "Le gouvernement fédéral doit se conduire de manière à ce que le public ait confiance en lui, et c'est spécialement vrai pour l'IRS", a affirmé mardi le président, pour qui les personnels de l'administration fiscale à l'origine de l'affaire doit "rendre des comptes" en raison de leur comportement "intolérable et inexcusable". "J'attends que tous ceux qui servent le gouvernement fédéral qu'ils se comportent de la manière la plus éthique et la plus morale possible", a-t-il ajouté dans un communiqué.

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La Maison-Blanche a-t-elle minimisé l'affaire Benghazi ? Toutes ces affaires interviennent alors que l'administration se trouvait déjà sur la défensive dans l'affaire de l'attentat de Benghazi en Libye qui a coûté la vie à quatre Américains dont l'ambassadeur le 11 septembre 2012.

Les élus républicains reprochaient à l'exécutif d'avoir voulu taire le caractère "terroriste" de cette attaque pour ne pas handicaper les chances de réélection de Barack Obama à la présidentielle du 6 novembre. Des accusations jusqu'à récemment rejetées par son équipe. Or, celle-ci a dû reconnaître que les "éléments de langage" fournis par la CIA dans la foulée de Benghazi avaient bien été édulcorés pour éviter de prêter le flanc à la critique, après la publication de courriers électroniques par des médias la semaine dernière.

La réponse d'Obama : Le président américain sait qu'il doit tenir bon. Il a accusé ses adversaires républicains de vouloir faire "diversion". "Le lendemain de cette attaque, j'avais reconnu qu'il s'agissait d'un acte terroriste. Le fait qu'on continue à en parler, franchement, a beaucoup à voir avec des motivations politiques", a-t-il critiqué.

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Quel impact ? Ces affaires tombent au plus mauvais moment. Son bilan 2013 reste "squelettique". Bien que le chômage est à son plus bas niveau depuis cinq ans (7,5% en avril), le président américain a échoué sur la mise en place d'une réforme de l'encadrement des armes à feu et les Etats-Unis subissent toujours une cure d'austérité forcée faute d'accord au Congrès. Quant à la politique étrangère, il peine à convaincre la Russie de cesser de soutenir le régime syrien alors que ce conflit menace de prendre un tour régional.

"Le scandale de l'IRS arrive au plus mauvais moment pour le président et le programme démocrate", souligne Sarah Binder, de l'université George Washington. "L'enjeu des prochaines semaines et mois, pour Obama et les démocrates, sera de maintenir l'attention de l'opinion publique sur leurs objectifs politiques alors que les républicains et les médias se concentreront sur les scandales."