Sanctions contre la Russie : qui est visé ?

L'Union européenne a adopté des sanctions contre des responsables criméens et russes.
L'Union européenne a adopté des sanctions contre des responsables criméens et russes. © REUTERS
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SUR LA LISTE - L’Union européenne et les Etats-Unis ont sanctionné des responsables en Crimée et en Russie, mais Washington frappe "un peu plus fort".

L’INFO. La riposte a été lancée quasi-simultanément par Washington et Bruxelles. Au lendemain du référendum sur le rattachement de la Crimée à la Russie, les Etats-Unis et l’Union européenne ont annoncé, presque au même moment, des sanctions contre des responsables russes et criméens, dont les avoirs vont être gelés. Sans pour autant parler d’une seule voix, car ils ne sanctionnent pas les mêmes personnes. Ce qui étonne Tatiana Kastouéva-Jean, responsable du centre Russie-NEI à l’Ifri, pour qui cela donne l’impression que "les deux parties du monde occidental ne sont pas d’accord sur le cercle des coupables". 

Qui sont les 21 sanctionnés par l’UE ? L’Union européenne a choisi de sanctionner huit responsables de Crimée, dix députés et sénateurs russes et trois hauts gradés militaires russes. La liste complète a été publiée au Journal officiel de l’UE lundi soir. Côté criméen, on retrouve sans surprise Serguïï Axionov, "Premier ministre" pro-russe de la péninsule, ainsi que l’amiral Denis Berezovski, commandant de la marine ukrainienne qui s’est rangé du côté russe début mars.

Serguïï Axionov, le "Premier ministre" de Crimée

© REUTERS

Dans les rangs russes, on retrouve peu de noms connus. "Il n’y a pas l’entourage proche de Vladimir Poutine", mais plutôt des sénateurs et des députés, souligne Tatiana Kastouéva-Jean. Quant au choix de sanctionner trois hauts responsables militaires, elle ne le juge "pas très cohérent", puisqu’ils ne font qu’appliquer les ordres du Kremlin. "Ils sont sous serment, je ne vois pas comment ils pourraient désobéir !", s’étonne la spécialiste.

Qui sont les 11 sanctionnés par Washington ? Côté américain, on dénombre onze noms, dont seulement deux en commun avec l’Union européenne : Andrei Klishas et Leonid Slutski. Le premier, sénateur et millionnaire, a joué un rôle "sur le plan législatif", en travaillant sur la loi permettant à la Russie d’annexer la Crimée. Le second est un député impliqué dans le dossier ukrainien et qui s’est rendu "deux-trois fois" dans le pays pendant la crise du Maïdan.

La liste publiée par les Etats-Unis :

Pour le reste, les Américains frappent "un peu plus fort" que les Européens, estime Tatiana Kastouéva-Jean. Washington sanctionne ainsi Vladimir Surkov, "l’idéologue du Kremlin", ainsi que Sergueï Glazyev, le conseiller de Vladimir Poutine sur l’Ukraine.

Qui a été oublié ? Mais au final, le "cercle de décision" n’est pas touché. "C’est le deuxième cercle qui est frappé", celui des militaires qui exécutent les ordres et des parlementaires qui "légitiment" les choix du Kremlin. En clair : "ce ne sont pas eux, les responsables premiers", analyse Tatiana Katsouéva-Jean. La chercheuse note l’absence du nom de Dmitri Kiselyov, placé à la tête de l’agence d’information nouvellement créée "Russie aujourd’hui". L’homme est "responsable directement de la désinformation des Russes sur la crise : on pouvait s’attendre à ce qu’il soit frappé par ces sanctions". Sans compter que selon la chercheuse, "les listes auraient gagné à coïncider", car "cela aurait été une preuve de la solidarité occidentale", celle-là même que Vladimir Poutine "essaie de tester".

Dmitri Rogozin, le vice-Premier ministre russe

© REUTERS

Et parmi les personnes visées, certains ont déjà réagi. C’est le cas de Dmitri Rogozine, vice-Premier ministre russe, dans le viseur de Washington, qui entend geler ses avoirs sur le sol américain. Il s’est fendu d’un tweet ironique, assurant au "camarade Obama" qu’il n’avait… aucun avoirs aux Etats-Unis, une affirmation toutefois difficile à vérifier. 

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