SCENARIO CATASTROPHE - "Baïkonour, on a un problème"

La torche olympique va s'offrir cette semaine une excursion inédite dans l'espace.
La torche olympique va s'offrir cette semaine une excursion inédite dans l'espace. © REUTERS
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Charles Carrasco , modifié à
SCENARIO CATASTROPHE - La torche olympique va faire une sortie dans l’espace. Elle sera alors éteinte mais Europe1.fr a décidé... d’allumer le feu.

L’INFO. C’est une première dans l’histoire des JO. La torche olympique est partie pour l'espace jeudi, depuis le Kazakhstan, avec une sortie dans la thermosphère prévue samedi, à trois mois de son arrivée à Sotchi, en Russie. Ce symbole de l'idéal olympique fera d'abord étape dans la Station spatiale internationale (ISS), avant un retour sur terre le 11 novembre.

>>> Bien évidemment, durant tout son périple, la torche sera éteinte pour des raisons de sécurité. Mais Europe1.fr a écrit, avec Alain Cirou, consultant scientifique, le scénario « fictif » et catastrophe de cette expédition.

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Un incendie. Jeudi, 3h30 du matin, dans les steppes du Kazakhstan, au cosmodrome russe de Baïkonour. Le vaisseau Soyouz TMA-11M, frappé du symbole des Jeux -Sochi2014.ru- et des cinq anneaux olympiques, attend son heure. A l’intérieur, le spationaute russe Mikhaïl Tiourine, l’Américain Rick Mastracchio et le Japonais Koichi Wataka. Ils ont, à bord, un objet qu’ils n’ont pas l’habitude d’avoir avec eux : la torche olympique. Le décollage a lieu à 4h14. Six heures plus tard (le record est de 5h39), ils finissent par atteindre la station spatiale internationale. Les trois membres d'équipage retrouvent alors les six autres spationautes déjà à bord de l'ISS. Les neuf personnes vont devoir vivre ensemble pendant près d'une semaine. Une première depuis octobre 2009. Deux autres cosmonautes russes déjà à bord de l'ISS, Oleg Kotov et Sergueï Riazanski, doivent effectuer le samedi suivant une sortie dans l'espace avec la torche olympique. Sauf que ce scénario parfait va rapidement être remis en cause. Après quelques heures sur place, la torche allumée, qui est accrochée à leur équipement de spationaute, leur échappe et déclenche un incendie.

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Beaucoup de fumée. Rapidement, le système d’alerte se déclenche. Les spationautes sont inquiets. Ils connaissent bien la composition de leur cabine : de l’azote (60%), un gaz inerte, et de l’oxygène (40%), un gaz carburant qui peut faire de "belles flammes". Le feu est normalement rigoureusement banni des capsules spatiales. Même lorsque les spationautes se font à manger, ils utilisent des résistances électriques. A partir du moment où le feu est déclaré, leur environnement se dégrade rapidement. "Il y a de la fumée. On ne voit pas bien. On respire mal. Dans un environnement technologique, encombré d’appareils qui chauffent, qui sont sensibles, qui peuvent être en lien les uns avec les autres, si un point chaud se déclenche, cela peut avoir des répercussions catastrophiques", s’inquiète Alain Cirou.

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Ils mettent leurs masques. Les spationautes prennent rapidement conscience du principal danger qui les guette : les fumées toxiques. "Cette combustion, qu’elle soit active ou qu’elle soit lente, va générer des gaz qui vont remplir la station", assure Alain Cirou. Premier réflexe : mettre les masques qui sont accrochés un peu partout sur tous les modules de la station, reliés à une bombonne d’oxygène et qui va leur permettre de ne pas respirer les vapeurs toxiques. Mais l’inquiétude est palpable à bord. Les spationautes ont encore en mémoire l’accident de 1997 sur la station Mir. A bord, les hommes de l’espace s’étaient rendu compte que les respirateurs n’étaient pas en état de fonctionner et que les extincteurs étaient impossibles à décrocher… Mais c’était une autre époque. Celle où les cosmonautes n’hésitaient pas à couper le système de sécurité pour fumer en toute tranquillité une cigarette à bord.

Éteindre le feu. Ensuite, ils tentent d’intervenir à l’endroit où le feu s’est déclaré tout en déclenchant les extracteurs d’air afin de tenter de retrouver un environnement sain. Malheureusement, à l’aide des extincteurs, ils ne parviennent pas à stopper la combustion. Il ne reste donc plus qu’essayer de rejoindre Soyouz. Mais l’accès au vaisseau de secours est rendu extrêmement difficile à cause des fumées qui se propagent. "Il faut pouvoir rapidement s’isoler, se mettre à l’abri et pouvoir redescendre sur terre", analyse le consultant scientifique d’Europe 1. L’opération n’est pas aisée car ils sont neuf à bord. "C’est énorme pour la station spatiale internationale où en règle générale, il y a entre trois et six personnes", affirme le consultant scientifique d’Europe 1.

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Attention aux courants d’air ! Vous l’aurez compris, ce scénario est bien sûr fictif. En général, un petit incendie s’éteint tout seul et ne peut pas se propager car il n’y a pas de convection. Le feu consomme donc l’oxygène à proximité et s’étouffe avec le CO2 qu’il produit. Par contre, toujours à cause de l’absence de convection, la chaleur ne se dissipe que très lentement. La température du foyer reste donc très élevée et peut se rallumer au moindre courant d’air.

La sécurité de ces missions s’est également considérablement améliorée ces dernières années. "Depuis, on a fait attention à ce que les capsules ne soient pas inflammables. On ne met plus d’oxygène pur. Tous les câbles sont travaillés pour ne pas être en contact les uns avec les autres. On essaye de minimiser les risques dès la conception", conclut Alain Cirou, consultant scientifique d’Europe 1.