Quand la Chine "énerve" les Etats-Unis

"On ne peut pas attendre des Etats-Unis qu'ils restent les bras croisés s'il n'y a pas de réciprocité dans les relations commerciales", a declaré Barck Obama
"On ne peut pas attendre des Etats-Unis qu'ils restent les bras croisés s'il n'y a pas de réciprocité dans les relations commerciales", a declaré Barck Obama
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Tugdual de Dieuleveult avec AFP , modifié à
Le président américain Barack Obama a vivement critiqué la politique économique de la Chine.

Le président Barack Obama a fait part samedi à son homologue chinois Hu Jintao de "l'énervement" des Etats-Unis à l'égard de la politique économique de Pékin, rapporte un haut responsable américain après un tête-à-tête entre les deux dirigeants. 

Barack Obama "a déclaré très clairement que les Américains et leurs entreprises étaient de plus en plus impatients et énervés par la lenteur des changements dans la politique économique de la Chine et par l'évolution de la relation économique sino-américaine", a rapporté Michael Froman, conseiller du président américain pour l'économie internationale, en marge du sommet du Forum de coopération économique Asie-Pacifique (Apec) réuni ce week-end à Hawaii.

"Nous voulons que vous respectiez les règles du jeu"

S'adressant en début de journée, samedi, à un parterre de patrons, Barack Obama avait accusé la Chine de piller les droits de propriété intellectuelle des entreprises américaines, leur faisant perdre tout l'avantage de leurs innovations.

"Il n'est pas acceptable que nous ne puissions jouir de l'avantage compétitif dont nous avons besoin dans un vaste marché comme celui de la Chine", avait-il déclaré. "On ne peut pas attendre des Etats-Unis qu'ils restent les bras croisés s'il n'y a pas de réciprocité dans les relations commerciales".

"Nous voulons que vous respectiez les règles du jeu", avait également lancé le président américain, répétant que la monnaie chinoise, le yuan, restait selon lui sous-évaluée malgré sa hausse des dernières années. S'exprimant devant la même assemblée de patrons, Hu Jintao avait assuré que son pays s'efforcerait d'augmenter ses importations afin de soutenir la croissance mondiale mais n'avait pas annoncé de hausse de la parité du yuan.

Les Républicains très critiques

De son coté, le gouverneur républicain du Texas, Rick Perry, a affirmé que "le gouvernement communiste chinois finirait sur le tas de cendres de l'histoire", tandis que le favori des sondages, Mitt Romney, a traité Pékin de "manipulateur de devise" qui "pille notre propriété intellectuelle, pirate nos ordinateurs, pratique des prix artificiellement bas et tue des emplois aux Etats-Unis".

La monnaie chinoise reste particulièrement dévaluée. Il s'agit, pour le gouvernement de Hu Jintao, de soutenir l’exportation du pays. En octobre, les parlementaires américains ont adopté un projet de loi visant à sanctionner Pékin et sa politique monétaire malgré les réticences du président Obama.

Forum Asie-Pacifique

Le président Obama a fait ces déclarations alors que se poursuit dimanche, à Hawaï, le Forum Asie-Pacifique. L'un des objectifs de cette réunion pour les Etats-Unis est d'ancrer l’Asie à l’Amérique. Barack Obama a ainsi établi les grandes lignes d’un accord qui doit aboutir à la constitution d'une vaste zone de libre-échange entre 10 pays de l'Apec, dont les Etats-Unis, le Japon, l'Australie et le Chili. Ce "partenariat transpacifique" ou "TPP" deviendrait la plus grande zone de libre-échange du monde.

Ce "TPP" risque de faire de l'ombre à la Chine, tenue à l'écart d'un accord qui insiste sur l'adoption de critères sociaux et écologiques difficiles à respecter par le géant asiatique.