Polémique en Espagne sur l'avortement

Le ministre de la Justice, Alberto Ruiz-Gallardon, entend revenir sur la loi qui permet l'avortement en cas de malformation du foetus.
Le ministre de la Justice, Alberto Ruiz-Gallardon, entend revenir sur la loi qui permet l'avortement en cas de malformation du foetus. © MAXPPP
  • Copié
avec AFP
Le gouvernement entend restreindre l'IVG en cas de malformation du fœtus.

La polémique enfle en Espagne. Le gouvernement conservateur de Mariano Rajoy envisage d'interdire l'IVG dans les cas de malformation, en modifiant une loi votée en 2010. La mesure fait bondir les pro-avortements et les associations pour le droit des femmes, qui ont prévu de manifester dimanche à Madrid.

La loi actuelle, votée sous le gouvernement socialiste, autorise les femmes à avorter jusqu'à 14 semaines. L'IVG est aussi permise jusqu'à 22 semaines, en cas de "risque pour la vie et la santé" de la mère ou de "grave malformation du fœtus". Sauf que le ministre de la Justice, Alberto Ruiz-Gallardon, a fait scandale en prenant position sur le sujet dimanche dernier.

Textes de l'ONU

"Je ne comprends pas que l'on prive un fœtus de la vie en permettant l'avortement, pour le simple fait qu'il souffre de handicap ou de malformation", a-t-il déclaré dans un entretien au quotidien de droite La Razon. Une loi doit être soumise aux députés à la rentrée.

Alberto Ruiz-Gallardon a enfoncé le clou vendredi, se référant aux textes de l'ONU et à l'article 10 de la Convention des droits des personnes handicapées, selon laquelle il faut "adopter toutes mesures nécessaires pour garantir leurs droits aux personnes handicapées".

"Revenir 35 ans en arrière"

"C'est le comble du cynisme", rétorque Santiago Barambio, président de l'association des cliniques spécialisées dans l'IVG et l'un des pères de la loi de 2010 sur l'avortement. D'après lui, bien au contraire, "les Nations unies dans toutes les conférences internationales, toutes les agences sanitaires de l'ONU, l'Organisation mondiale de la Santé, le Conseil de l'Europe, disent de ne pas restreindre l'avortement".

Santiago Barambio estime que "ce que Gallardon veut, c'est interdire, de faire, l'avortement, dans la droite ligne de l'Irlande, la Pologne ou Malte". La secrétaire de la politique sociale du Parti socialiste, Trinidad Jiménez, estime pour sa part que la proposition du ministre est une "contre-réforme", qui implique de "revenir 35 ans en arrière".

Pas suffisant pour certains

Cette réforme "renvoie la législation à une époque proche de la dictature franquiste et éloigne l'Espagne de la plus grande partie de l'Europe en matière de droits des femmes", note le collectif d'associations appelant à manifester dimanche.

Pour la porte-parole de "Droit à vivre", Gador Joya, il s'agit au contraire d'un "pas en avant pour la protection des droits à la vie". Cette pédiatre estime même que "ce n'est pas suffisant, car il y a quasiment 97% d'autres cas d'avortements pour ce que nous pensons être de fausses excuses".