Obama pousse Weiner à la démission

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avec agences , modifié à
Le président américain a invité l'élu, qui a diffusé des photos osées sur Twitter, à partir.

Cela risque d’être l’appel à la démission de trop pour Anthony Weiner. L’élu de New York à la Chambre des représentants, au coeur d’un scandale pour avoir échangé des propos inconvenants avec des jeunes filles via Internet, mais aussi pour avoir diffusé une photo obscène sur Twitter, s’accorche à son siège. Mais alors que dans son propre camp, les critiques ont fusé ce week-end, c’est Barack Obama qui s’est saisi de l’affaire en personne.

"Je puis vous dire que s'il s'agissait de moi, je démissionnerais", a déclaré le président américain lundi soir sur NBC. "Lorsqu'on en arrive à un point où, du fait de différentes distractions personnelles, on ne peut plus servir aussi efficacement que nécessaire à un moment où la population s'inquiète pour son emploi, ses crédits, ses factures, il faut probablement prendre du recul." Le message a le mérite de la clarté.

Cet appel présidentiel s'ajoute à la divulgation dans la presse américiane de nouvelles photos compromettantes. Sur ces clichés, diffusés par le site people TMZ, puis repris par les tabloïdsNew York Post et New York Daily news, l’élu, 46 ans, apparaît dans la salle de gym du Congrès américain, vêtu d’une simple serviette autour de la taille, se saisissant sans vergogne l’entrejambe.

La case désintoxication

De quoi apporter de l’eau au moulin de ses détracteurs, de plus en plus nombreux. "Au final, un élu du Congrès prend ses propres décisions, mais nous avons clairement exprimé le fait qu'il devait démissionner, qu'il devait se focaliser sur la remise en ordre de ses problèmes personnels, sur sa famille et sur la bonne conduite à tenir vis-à-vis de ses administrés", a déclaré sur NBC Debbie Wasserman Schultz, qui préside le comité national du Parti démocrate. "C'est un comportement bizarre et inacceptable", a renchéri sur CBS le numéro 2 démocrate de la Chambre des représentants, Steny Hoyer. "Il me paraît extraordinairement difficile qu'il puisse représenter ses électeurs efficacement."

La séance de contrition de lundi dernier n’ayant pas suffi malgré une mine défaite et des sanglots dans la voix, Antony Weiner a décidé de passer la vitesse supérieure en passant par la case… désintoxication. "Le parlementaire Weiner est parti ce matin pour essayer d'être soigné et faire en sorte d'être un meilleur mari et une personne en meilleure santé", a indiqué la porte-parole de l'élu, Risa Heller, dans un communiqué diffusé samedi en fin de journée. L'élu démocrate "va demander d'être dispensé un court moment de la Chambre des représentants de façon à être examiné et établir un programme de soins pour aller mieux."

56 % de ses administrés opposés à sa démission

Si Anthony Weiner s’accroche malgré la pression, c’est que sa trajectoire politique avait été linéaire et exemplaire, au point de faire de lui, l’un des candidats démocrates plausibles à la maire de New York. Il avait ainsi été élu en novembre dernier pour un septième mandat de représentant, avec 61% des voix.

Cette popularité reste d’ailleurs l’un des rares motifs d’espoir pour l’élu. Car selon un sondage NY1-Marist réalisé la semaine passée, 56% des New-Yorkais vivant dans sa circonscription estiment que l'affaire ne doit pas pousser Weiner à la démission. "Nous ne sommes pas dans le Kansas, l'Utah ou l'Alabama, mais à New York, où les gens sont plus indulgents vis-à-vis de ces choses-là", conclut Patrick Egan, enseignant en sciences politiques à l'Université de New York.