Noriega sera-t-il jugé dans son pays ?

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Le Panama réclame son ancien dictateur, soupçonné de violations des droits de l'Homme.

Aux Etats-Unis, Manuel Antonio Noriega a été condamné pour trafic de drogue. En France, l’ancien dictateur est aujourd'hui rejugé pour blanchiment d'argent. Mais la justice de son pays, le Panama, le réclame aussi. Pour des faits beaucoup plus graves : des atteintes aux droits de l’Homme.

Plusieurs meurtres d'opposants

En 1993, quatre ans après avoir été écarté du pouvoir et alors qu’il se trouvait en prison aux Etats-Unis, Manuel Noriega avait été condamné par contumace par la justice panaméenne à plusieurs reprises.

Il a notamment écopé de 20 ans de prison pour la mort d’un opposant, Hugo Spadafora, dont le cadavre décapité avait été découvert en 1985. Il a aussi été condamné pour le massacre d’Albrook, dans lequel plusieurs militaires auteurs d’un coup d’Etat avaient été torturés puis assassinés, dont leur chef, le commandant Moises Giroldi.

Le rapport publié par la Commission de la Vérité au Panama, en 2002, fait état, au total, de 110 cas de personnes disparues ou assassinées entre 1968 et 1989.

Noriega réclamé par son pays

Le Panama a officiellement demandé début juin l’extradition de Noriega. Mais l’heure du retour de l’ex-dictateur dans son pays n’est pas encore arrivée. Pour que l’extradition soit validée, il faudra attendre la fin du procès en France, puis demander l’accord des Etats-Unis, en vertu d’un traité franco-américain, avant d’obtenir le feu vert du ministère de la Justice puis celui de Matignon.

Dans une lettre rédigée en 2006, les familles des victimes disaient continuer la lutte « pour la vérité, la justice et contre l’impunité ». Mais l’heure n’est pas à la vengeance au Panama. "Je crois que [Noriega] a déjà purgé sa peine (...) et il m'a fait de la peine quand je l'ai vu marcher", avait déclaré il y a quelques semaines Ricardo Martinelli.