Niger : un site d'Areva attaqué, un mort

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Charles Carrasco avec Xavier Yvon, Aude Leroy et AFP , modifié à
L'ESSENTIEL - Une double attaque revendiquée par le Mujao a visé un camp militaire et un site d'Areva.

L'INFO. Il s'agit des premiers attentats du genre dans l'histoire de ce pays engagé depuis début 2013 au Mali voisin contre les mouvements djihadistes. Un double attentat à la voiture piégée a visé jeudi un camp militaire à Agadez, la grande ville du nord du Niger, et un site d'uranium d'Areva plus au nord. Le groupe djihadiste, Mujao a revendiqué ces attaques.

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"Grâce à Allah, nous avons effectué deux opérations contre les ennemis de l'islam au Niger", a déclaré le porte-parole Abu Walid Sahraoui. "Nous avons attaqué la France, et le Niger pour sa coopération avec la France dans la guerre contre la charia" (loi islamique), a-t-il lancé.

Le président français François Hollande a déclaré jeudi que Paris appuierait "tous les efforts des Nigériens pour faire cesser la prise d'otages" en cours à Agadez et "anéantir" le groupe qui a porté les attaques contre un camp militaire et un site d'uranium d'Areva, à Arlit.

>> A Arlit

Le bilan. Sur le site d'Areva, une personne est morte après l'attentat. Dans un bref communiqué, le groupe français d'énergie nucléaire a précisé que l'attaque avait aussi fait 14 blessés, tous transférés à l'hôpital de Somaïr. Les dégâts seraient mineurs sur ce site industriel, où le travail aurait repris. Areva a aussi annoncé un renforcement de la sécurité sur ses différents sites.

Ce qui s'est passé. Jeudi, un pick-up a profité de l'inattention d'un gardien pour franchir le portail du site de la compagnie nucléaire française Areva à Arlit, selon les informations d'Europe 1. Le véhicule a foncé pendant près de 250 mètres pour se placer en dessous d'un broyeur d'uranium, avant d'exploser. "A Arlit, nous déplorons malheureusement cinquante blessés", "un civil" et "49" agents des forces de défense et de sécurité, a détaillé le ministre nigérien de l'Intérieur. Areva, qui a "condamné cette attaque odieuse" a de son côté fait état de 13 blessés parmi ses travailleurs nigériens.

Youssouf travaille à la sécurité du site. Il raconte qu'un 4x4 a réussi à s'infiltrer parce que, selon lui, son conducteur devait être bien renseigné. "C'est un véhicule qui a vraiment des informations sur le système de sécurité. Il est venu aux heures de pointe. D'habitude, il faut obligatoirement passer par le contrôle. Il n'est pas passé là-bas. Il a pris le sens interdit. Il a forcé la barrière et il est entré. J'ai entendu l'explosion", a-t-il expliqué à Europe 1.

>> A Agadez

Le bilan. Vingt-trois personnes, dont 18 militaires nigériens, un civil et quatre kamikazes ont été tuées, selon le gouvernement nigérien. Un djihadiste retient toujours en otage des élèves officiers, selon les informations d'Europe 1. "Quatre kamikazes sont morts dans l'explosion", a précisé le ministre de l'Intérieur, Abdou Labo, faisant aussi état de "13 blessés, dont six graves" dans les rangs de l'armée. "Un cinquième kamikaze s'est enfermé dans un local avec des otages élèves officiers" en formation à Agadez, a-t-il ajouté. Les assaillants étaient des "peaux rouges", a affirmé le ministre de la Défense Mahamadou Karidjo, en allusion à des membres des communautés touareg ou arabe.

Ce qui s'est passé. Les djihadistes ont attaqué à la voiture bélier piégée, vers 5 heures du matin, la porte d'entrée de la base militaire. Puis quelques minutes après, un deuxième véhicule entre à l'intérieur de la base avec à son bord plusieurs djihadistes. Ils ont enlevé deux officiers. D'après un journaliste local, une explosion s'est produite "à l'intérieur même du camp", occasionnant des dégâts importants.

Des attaques et des enlèvements. Le Niger a subi ces dernières années plusieurs attaques et enlèvements perpétrés par des groupes islamistes, notamment dans le nord du pays. Sept employés d'Areva et d'un sous-traitant avaient été enlevés le 16 septembre 2010 à Arlit par Al-Quaïda au Maghreb islamique (Aqmi). Quatre Français, Daniel Larribe, Thierry Dole, Marc Féret et Pierre Legrand, restent aux mains de leurs ravisseurs. Ils "sont en vie", a déclaré récemment le président nigérien Mahamadou Issoufou sur France 24, alors que la guerre au Mali a fait craindre pour la vie des otages français au Sahel. "Mais où sont-ils ? Il est extrêmement difficile de le dire", avait-il reconnu.

Le Niger est engagé au sein de la force africaine au Mali (Misma) qui s'est déployée à la suite de l'offensive lancée en janvier par l'armée française.