"Lord of War" jugé mardi à New York

Le marchand d'armes Viktor Bout escorté par policiers américains lors de son arrivée à New York.
Le marchand d'armes Viktor Bout escorté par policiers américains lors de son arrivée à New York. © REUTERS
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Frédéric Frangeul avec AFP , modifié à
Le puissant marchand d’armes russe Viktor Bout encourt la prison à perpétuité

C'est un personnage quasi-mythique. Viktor Bout, ancien officier de l'armée russe, comparaît à partir de mardi devant un tribunal fédéral à New York. Surnommé le "marchand de mort", il est accusé d'avoir organisé le plus important réseau privé de trafic d'armes du monde.

L'ancien pilote et traducteur de l'armée soviétique, qui a inspiré le film Lord of War (Le Seigneur de guerre) avec Nicolas Cage en 2005, plaide non coupable. Il risque entre 25 ans de prison et la détention à perpétuité s'il est reconnu coupable.

Arrêté lors d’un piège américain

L'homme de 44 ans avait été arrêté en 2008 dans un hôtel de Bangkok, en Thaïlande, par des agents américains se faisant passer pour des guérilléros des Farc. Il avait promis de leur livrer 700 missiles, 5.000 fusils d'assaut et des millions de munitions, en plus de mines anti-personnel et d'explosifs. Cette transaction avortée est l’objet du procès.

Mais Viktor Bout  est plus généralement soupçonné d'avoir utilisé une flotte d'avion-cargos constituée après le démantèlement de l’URSS. Bout aurait ainsi alimenté les guerres en Afghanistan, en Angola, en République démocratique du Congo, au Liberia, Rwanda, Sierra Leone et Soudan. Ce commerce lui aurait rapporté 6 milliards de dollars, soit 4,4 milliards d’euros.

Il pouvait transporter son matériel partout

"Il pouvait transporter son matériel et le livrer avec une grande précision, dans n'importe quel désert, n'importe quelle jungle, n'importe quel endroit reculé de la planète, jusque dans les mains de ce que j'appellerais le pot-pourri de la racaille internationale", précise Michael Braun, un policier américain qui a participé à l’arrestation du marchand d’armes.

Ayant utilisé au moins sept pseudonymes dans sa carrière et parlant plus de six langues, il est considéré par certains comme un ex-membre du renseignement militaire soviétique. Ce qu'il nie.

Un procès qui devrait durer trois semaines

Prévu pour trois semaines, le procès commencera mardi par la sélection des 12 jurés. Le 5 octobre, lors d'une brève audience préalable, la juge a précisé qu'elle demanderait aux jurés et à leurs remplaçants de s'engager à ne pas lire sur Internet ou ailleurs tout ce qui a été écrit sur Viktor Bout. Ce pour protéger son droit à un jury impartial. Une préconisation qui risque de s'avérer difficile à appliquer au vu de la légende sulfureuse qui entoure l'accusé.