Lockerbie : la polémique fait rage

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Europe1.fr (avec agences) , modifié à
Un an après sa libération, le seul condamné dans l’attentat est toujours en vie.

Il y a un an, le 20 août 2009, l’artificier de l'attentat de Lockerbie était accueilli en héros à l’aéroport de Tripoli. Le Libyen Abdelbaset al-Megrahi avait été libéré par l'Ecosse pour raisons médicales. En phase terminale d’un cancer, les médecins ne lui donnaient alors plus que trois mois à vivre. Il est aujourd’hui toujours en vie. Et la polémique au sujet d’un éventuel marchandage de sa libération enfle.

"Un affront" pour les victimes

Le Libyen avait été condamné à la prison à vie avec une peine de sûreté de 27 ans pour l'explosion d'un avion de la Pan Am le 21 décembre 1988 au-dessus du village écossais de Lockerbie, tuant 270 personnes, dont 189 Américains. La secrétaire d'Etat Hillary Clinton a déclaré mi-juillet à son homologue britannique William Hague que chaque jour de liberté de Megrahi était "un affront" pour les familles des victimes de l'attentat.

"J'ai agi de manière appropriée et je maintiens cette décision", s’est défendu jeudi le ministre écossais de la Justice Kenny MacAskill, qui avait pris la décision hautement controversée de libérer le Libyen. Le ministre, qui a refusé en juillet de témoigner devant une commission du Sénat américain, s'est dit prêt à rencontrer en Ecosse des sénateurs américains. L'avis médical qui lui donnait trois mois à vivre était le "reflet honnête" de son état du moment, a indiqué jeudi un médecin ayant pris part à l'expertise.

Cette libération était "malvenue, inappropriée et mauvaise", a pour sa part affirmé vendredi le conseiller du président Barack Obama pour l'antiterrorisme, John Brennan. Sa déclaration intervient le même jour que l'envoi, par quatre sénateurs américains, d'une lettre aux dirigeants de la Libye, de l'Ecosse et du Qatar, demandant une enquête sur d'éventuelles pressions commerciales ayant mené à la libération de Megrahi.

BP dans le collimateur

Le Sénat américain soupçonne en effet le groupe pétrolier britannique BP d'avoir poussé à la libération du Libyen Megrahi en échange de contrats pétroliers. Une première audience prévue en juillet a été annulée, car plusieurs témoins ont refusé de se présenter devant la commission. Des sénateurs ont donc lancé un appel à la délation pour obtenir des informations sur d'éventuelles tractations secrètes liées à la libération.

BP admet avoir fait pression pour que Londres accélère la conclusion d'un accord de transfèrement de prisonniers avec la Libye pour obtenir des contrats dans ce pays, mais assure n'avoir jamais spécifiquement insisté sur le cas Megrahi. Les gouvernements concernés nient l’existence d’un accord. La commission des Affaires étrangères du Sénat américain doit tenir prochainement des auditions.

Une culpabilité qui reste à prouver

Tandis que la polémique fait rage aux Etats-Unis sur la libération, des voix continuent à se faire entendre en Ecosse pour réclamer une nouvelle enquête sur l'attentat, estimant que la culpabilité de Megrahi reste à prouver.