Le sermon qui fait scandale

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Europe1.fr (avec Reuters) , modifié à
Un prédicateur a comparé les attaques contre Benoît XVI sur la pédophilie à de l’antisémitisme.

Ses déclarations provoquent un tollé. Le père franciscain Raniero Cantalamessa a osé un parallèle douteux pour beaucoup lors de la célébration du Vendredi Saint.

En voulant défendre Benoît XVI, dans la tourmente alors que les affaires de pédophilie au sein de l’Eglise se succèdent, le Prédicateur de la Maison Pontificale a fâché une bonne partie de la communauté juive internationale, mais aussi des victimes de prêtres pédophiles.

"Honte au père Cantalamessa"

"Le recours à des stéréotypes, le glissement de la responsabilité et de la culpabilité personnelles vers une culpabilité collective me rappellent les aspects les plus honteux de l'antisémitisme", a notamment lancé le prédicateur, citant des extraits d'une lettre d'un ami juif qui dit "suivre avec dégoût les violentes attaques contre le Pape.

"Honte au père Cantalamessa", a réagi Elan Steinberg, vice-président de l'American Gathering of Holocaust Survivors and their Descendants. "Le Vatican a le droit de se défendre, mais la comparaison avec les persécutions antisémites est choquante et insoutenable. Nous sommes cruellement déçus", a-t-il déclaré.

"Cela crève le coeur"

"Ces propos blessants ont été tenus en présence du pape et le pape devrait en assumer lui-même la responsabilité et présenter des excuses", a déclaré le rabbin Marvin Hier, du Centre Simon Wiesenthal.

"Il s'agit d'une impertinence et d'une insulte vis-à-vis des victimes des abus sexuels ainsi que des victimes de la Shoah", a affirmé Stephan Kramer, le secrétaire général du Conseil central des juifs d'Allemagne. Des victimes de violences sexuelles ont aussi critiqué l’orateur : "Cela crève le coeur de voir qu'à nouveau, une personne haut placée au Vatican tienne des propos aussi immatures qui insultent à la fois les victimes et le peuple juif", a déclaré un porte-parole du Réseau des survivants des Personnes abusées par des Prêtres.

Le Vatican évoque la bonne foi

Le porte-parole du Vatican, le père Federico Lombardi, a protesté de la bonne foi du père Cantalamessa tout en reconnaissant sur Radio Vatican que citer la lettre "pouvait susciter des malentendus". Et il a assuré que le "rapprochement entre les attaques contre le pape pour le scandale de pédophilie et l'antisémitisme n'est pas la ligne suivie par le Saint-Siège".

Le pape a été accusé par des médias en Allemagne et aux Etats-Unis d'avoir gardé le silence sur des cas de pédophilie commis par des religieux, quand il était archevêque à Munich et quand il a dirigé pendant 24 ans la Congrégation pour la doctrine de la foi, avant de devenir pape en 2005.