Le "féminicide" de plus en plus reconnu

La multiplication des meutres de femmes au Mexique est à l'origine du mouvement de reconnaissance du "fémininide" en Amérique Latine.
La multiplication des meutres de femmes au Mexique est à l'origine du mouvement de reconnaissance du "fémininide" en Amérique Latine. © MaxPPP
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Frédéric Frangeul , modifié à
Plusieurs pays d’Amérique Latine ont décidé de punir sévèrement les meurtres de femmes.

C’est un mouvement qui se développe en Amérique Latine. Après le Pérou et la Bolivie, le Nicaragua est le troisième pays latino-américain, ces dernières semaines, à faire entrer dans son code pénal le crime de "féminicide", qui sera puni de 20 à 30 ans de prison, la peine maximale dans ce pays.

Concrètement, le terme "féminicide" désigne un homicide aggravé du fait de la qualité de femme de la victime. La loi approuvée mercredi par le Parlement du Nicaragua vise à punir spécifiquement les violences commises contre les femmes. Dans ce pays de 6 millions d’habitants, 89 femmes, dont 9 fillettes, ont été tuées en 2010.

Un mouvement qui trouve son origine au Mexique

Au-delà du cas du Nicaragua, cette instauration du "féminicide" dans la loi s’inscrit dans une tendance observée depuis plusieurs décennies en Amérique Latine. "A l’origine, il y a la multiplication des disparitions et des meurtres de femmes dans le nord du Mexique, notamment dans la ville de Ciudad Juarez, depuis la première moitié des années 1990", explique Jules Falquet, maîtresse de conférences en sociologie à Paris VII, spécialiste de l’Amérique Latine. "Des mouvements sociaux et des associations féministes se sont alors battues pour faire aboutir les enquêtes mais sans y parvenir", ajoute-t-elle.

Dès lors, ce mouvement initial s’est développé d’autres Etats d’Amérique Latine, à l’instar du Chili, de la Colombie du Salvador ou du Costa Rica qui ont, les premiers, faits du meurtre contre les femmes une qualification distincte. Mais la définition du "féminicide", en tant que crime perpétré contre des femmes, et parce qu’elles sont des femmes, se révèle parfois trop précise. Car il est souvent difficile de prouver l’aspect misogyne d’un crime. "C’est la limite de ce type de loi", reconnaît Jules Falquet.

Et en France ?

En France, le terme de "féminicide" a fait son apparition récemment. C’est Jean-Michel Bouvier, le père de Cassandre, la jeune femme assassinée en Argentine en juillet dernier avec son amie Houria en Argentine, qui a demandé à ce que cette notion soit introduite dans le code pénal. "Désormais, c’est mon combat. C’est le cri d’un père", avait-il confié au journal Le Parisien au mois de septembre.

Toutefois, la notion de "féminicide" se heurterait, en droit français, à un problème de constitutionnalité : elle distingue en effet les hommes et les femmes alors qu’ils sont pourtant sur un pied d’égalité dans les textes de lois. Un obstacle de taille dans le combat de Jean-Michel Bouvier.