Le boom des drogues de synthèse dans l'UE

Dérivés de médicaments, d'engrais, cannabis synthétiques… selon Europol, 250 nouvelles drogues ont, au total, été découvertes depuis 2005.
Dérivés de médicaments, d'engrais, cannabis synthétiques… selon Europol, 250 nouvelles drogues ont, au total, été découvertes depuis 2005. © MAXPPP
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LE CHIFFRE - En 2012, 73 nouvelles drogues ont été détectées dans l'UE. L'achat sur le Net explose.

Le chiffre.  En 2012, 73 nouvelles drogues ont été détectées dans l'Union européenne, selon un rapport de l'agence de police Europol, cité lundi par Le Parisien. Une hausse significative, puisque les autorités n'en avaient découvert "que" 49 en 2011. Dérivés de médicaments, d'engrais, cannabis synthétiques… selon le quotidien, 250 nouvelles drogues ont, au total, été découvertes depuis 2005.

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"New psychoactive substances". Le terme désigne un groupe de nouvelles drogues imitant les effets des anciennes (ecstasy, cocaïne…) mais dont les ingrédients, souvent dérivés de produits tout à fait légaux,  échappent à la législation internationale. "Beaucoup de drogues peuvent même être élaborées à partir d'un simple soda. N'importe qui peut s'improviser producteur, d'où cette prolifération", explique Luc Maroteaux, directeur du CNRS, cité par Le Parisien. Le quotidien cite notamment l'exemple de la méphédrone, "qui n'a qu'une molécule de différence avec l'ecstasy, et qu'on peut trouver sur internet sous l'appellation 'engrais'".  Une substance hallucinogène, qui a entrainé plusieurs automutilations chez certains consommateurs.

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Un produit venu de loin, transformé localement. "La plupart des ingrédients chimiques viennent de Chine, les petits chimistes font essentiellement de la transformation", décryptait, en juin, pour Europe1.fr, Agnès Cadet-Taïrou, responsable de l’unité ‘Tendances récentes et nouvelles drogues’ au sein de l’Observatoire français des drogues et des toxicomanies (OFDT). La Hollande, le Royaume-Uni et l’Europe de l’Est, terres traditionnelles des drogues chimiques, abritent la plupart de ces installations semi-artisanales.

Un commerce "online". Europol a recensé 693 "magasins" de drogue sur internet. Il n'y en avait que 170 en 2010, et 314 en 2011. Par ailleurs, l'agence s'inquiète également de l'influence grandissante des réseaux sociaux, qui pourraient faciliter la propagation de ces nouvelles drogues auprès des jeunes. Les autorités ont même constaté que la moyenne des 15-24 ans ayant pris des drogues de synthèse s'élève déjà 8 % en Grande-Bretagne, et même à 16% en Irlande.

La course du gendarme et du voleur. La France identifie une dizaine de nouvelles molécules chaque année, selon l'agence française du médicament (ANSM). Mais il n'est pas toujours facile, pour les autorités, de lutter contre le fléau. "On a toujours un train de retard sur ce qui peut se passer car les chimistes sont habiles pour fabriquer constamment de nouvelles substances", expliquait il y a quelques mois Nathalie Richard, chef du département Stupéfiants et Psychotropes à l'ANSM, contactée par Europe1.fr. Et le problème est bien dans ce renouvellement perpétuel des "recettes", car tant qu’une molécule n’est pas identifiée et classée comme psychotropes, elle n’est pas interdite et les forces de l’ordre ne peuvent rien faire.