La sensible présidence hongroise de l’UE

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La Hongrie, dont le gouvernement empile les lois populistes, illustre les contradictions de l’UE.

La Hongrie prend la présidence tournante de l'Union européenne à partir du 1er janvier. Cette transmission de pouvoir est on ne peut plus classique, si ce n’est que cette fois-ci, c’est un pays qui met à mal les principes démocratiques de l’Europe, une situation qui place l’Union face à ses contradictions.

Six mois qui s’annoncent difficiles

Cette présidence s’annonce d’autant plus difficile qu’au cours des six prochains mois, les embûches seront nombreuses : la Hongrie présidera au lancement de délicates négociations sur le budget 2014-2020 de l'UE. Sans oublier la gestion de la crise financière qui touche de nombreux pays, dont la Grèce et l’Irlande.

Les 27 devront aussi avancer sur des dossiers sensibles comme l'intégration de la minorité rom ou la volonté des Bulgares et des Roumains de rejoindre l'espace Schengen de libre circulation.

Un nouveau pays dans la zone euro

La Hongrie aura un dossier de moins à gérer, celui de l'Estonie. Ce pays de plus de 1,3 million d'habitants rentrera dans la zone euro à partir du 1er janiver. L'Estonie devient le 17e membre de cette zone.

L'adhésion de l'Estonie à la zone euro paraît anecdotique si on regarde son poids économique. Mais avec une croissance de 5% en 2010, l'UE pourra tout de même s'appuyer sur ce bon élève en pleine période de crise.

Le sulfureux président hongrois

Le président de centre droit Viktor Orban va devoir faire face à tous ces défis. Mais son action en Hongrie ne cesse d’être critiquée par ses partenaires européens, car l’homme a tendance à se montrer aussi populiste qu’autoritaire. Son parti, le Fidesz n'a pas hésité à soutenir des médias d’extrême droite pour gagner les élections. Viktor Orban a par ailleurs ravivé de vieilles tensions avec le voisin slovaque en proposant la nationalité hongroise aux Slovaques d'ethnie magyar...soit 10% de la population.

Outre une gestion économique hasardeuse et à court-terme qui a provoqué de vives tensions avec l’UE, Viktor Orban a placé ses fidèles à tous les postes-clés des institutions indépendantes, comme la Cour des comptes, l'Office du Procureur général, la Présidence de la République ou encore l'Organe de supervision des institutions financières. Il a aussi supprimé le Conseil budgétaire, créé en 2008, pour surveiller la réduction du déficit.

L’opposition ignorée, la presse muselée

Sous sa férule, le dialogue social est réduit à la portion congrue, les lois votées à la hâte : une motion déposée un vendredi tard dans la soirée est souvent votée comme loi le mardi suivant. L'opposition hongroise, impuissante, espère que Bruxelles domptera ce "lion".

Mais l’UE, dont l’autorité politique est très relative, n’a aucun outil pour raisonner ses membres perturbateurs. Si bien qu’elle a traîné des pieds pour condamner des décisions pourtant contraires aux principes fondateurs de l’Union.

Il a fallu l'adoption récente d'une réforme des médias, qualifiée par l'Organisation pour la Sécurité et la Coopération en Europe (OSCE) de "menace pour la liberté de la presse", pour que l'Europe envoie à Orban un début de rappel à l'ordre diplomatique. Ce dernier va néanmoins “incarner“ pendant six mois une Union européenne qu’il ne respecte que très modérément.