La démocratie a encore reculé en 2012

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avec AFP

La démocratie et les libertés ont encore reculé dans le monde en 2012 pour la septième année consécutive, le Printemps arabe ayant provoqué une poussée d'autoritarisme dans certains pays du Moyen-Orient, s'alarme une ONG américaine dans un rapport publié mercredi.

L'organisation Freedom House, basée à Washington, publie depuis 40 ans un rapport annuel intitulé "La liberté dans le monde", qui classe 194 Etats en trois catégories: "libres", "en partie libres" et "pas libres", en fonction de la faculté de leurs citoyens de jouir de leurs droits politiques et civiques et de vivre en sécurité. Il y avait 90 pays "libres" en 2012, trois de plus qu'en 2011, mais 27 ont fortement régressé contre 16 qui ont fait des progrès notables.

Quelque trois milliards d'êtres humains (soit 43% de la population mondiale) vivent dans des Etats "libres", contre 1,6 milliard dans des pays "en partie libres" et 2,3 milliards d'autres dans des Etats considérés par Freedom House comme n'étant "pas libres". "C'est la septième année consécutive que le rapport La liberté dans le monde montre qu'il y a plus de reculs que d'avancées" du système démocratique et des libertés publiques sur la planète, s'inquiète l'association, qui y voit "l'intensification d'une campagne de persécutions par des dictateurs qui s'en prennent aux organisations de la société civile et aux médias indépendants".

"Résultats ambigus" du Printemps arabe

Freedom House s'est penchée sur le monde arabo-musulman, dont plusieurs pays ont été le théâtre du mouvement historique du Printemps arabe amorcé en Tunisie en décembre 2010. "Les résultats sont ambigus pour le Moyen-Orient", conclut le rapport, qui salue les avancées démocratiques en Libye, en Tunisie et "de manière plus modeste" en Egypte, mais qui dénonce un "recul des libertés en Irak, en Jordanie, au Koweït, au Liban, à Oman, en Syrie et aux Emirats arabes unis". "Les progrès effectués par certains pays du Printemps arabe ont déclenché ailleurs au Moyen-Orient une réaction, parfois violente, de dirigeants autoritaires", constate Freedom House.

L'ONG prend aussi pour cible le président russe Vladimir Poutine, qui, depuis sa réélection, a fait prendre à son pays "le virage du pire", le faisant "entrer dans une nouvelle période de répression accélérée". Freedom House n'épargne pas les démocraties aux Etats-Unis et en Europe pour leurs "réticences à montrer la voie dans le combat pour la liberté". "Il y a aujourd'hui des sociétés où les libertés sont en danger. Pourtant, les démocraties ont battu en retraite", déplore le président de l'ONG, David Kramer.