L'austérité met les Grecs à la rue

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avec AFP , modifié à
Les débordements de multiplient à quelques heures du vote d’un nouveau budget d'austérité.

Jour J pour les Grecs. Le parlement vote mercredi en fin de matinée un sévère budget d’austérité, suscitant de nouvelles manifestations dans les principales villes du pays. Athènes est ainsi devenu le théâtre des nombreux affrontements entre groupes de manifestants et policiers, qui ont répliqué par des gaz lacrymogènes.

Le nouveau budget, synonyme d’un plan pluriannuel d’austérité, est une étape obligée pour le pays : déjà à cours de liquidités, le pays risque la banqueroute dès cet été. La Grèce a donc besoin d’une aide financière internationale supplémentaire, qui ne sera versée que si le budget d’austérité est adopté. L'enjeu de ce plan de rigueur est double : éviter au pays la faillite et ne pas mettre en danger la zone euro.

Incidents dans plusieurs quartiers de la capitale

Mais les Grecs ne se contentent pas de cette seule lecture arithmétique et descendent dans la rue. Les policiers ont ainsi repoussé un groupe de 400 manifestants de gauche devant l'hôtel Hilton près du centre-ville. Les manifestants, qui cherchaient à se rendre sur la place Syntagma, près du parlement, ont été chassés à coups de gaz lacrymogènes.

"Le gouvernement a décidé depuis l'année dernière de détruire la fonction publique et les universités, nous réclamons des élections, sinon on va rester dans la rue pour un mois", a lancé Alexandre, un étudiant en quatrième année d'économie.

Après une soirée de troubles, les échauffourées ont repris mercredi matin :

Un peu plus loin, près du stade de marbre, où se tenait également un barrage policier, un groupe de quelque 150 manifestants arrivés dès cinq heures du matin a également été repoussé par la police pour dégager un axe routier vital à la circulation.

"L'heure de vérité pour le pays"

Les élus grecs tentent difficilement de concilier les exigences financières et les demandes des citoyens. "C'est l'heure de vérité pour le pays, il faut voter en faveur du projet de budget, il n'y a pas d'autre solution (...)", a ainsi martelé mardi soir le député socialiste Mihalis Katrinis.

L'embarras était plus palpable du côté du nouveau ministre des Finances, Evangélos Vénizélos, qui a souligné que les mesures sont "injustes" et "dures", mais "le vote en leur faveur est positif" pour le pays, et constitue "une action courageuse de la part des députés".

Objectif : 50 milliards d’euros d’économie

Prévoyant des économies de 28,4 milliards d'euros et des privatisations massives devant apporter 50 milliards d'euros aux caisses de l'Etat d'ici 2015, le projet de budget est fortement contesté. Parmi les critiques figurent le risque que l’austérité plonge profondément le pays dans la récession et la crainte de privatisations effectuées sous la contrainte et donc pas toujours au meilleur prix.

Les Grecs tentent donc de faire monter la pression pour dissuader leurs députés : les syndicats ont lancé depuis mardi une grève générale de 48 heures, tandis que les manifestants ont prévu de tenter d'encercler le parlement au moment du vote. Le 15 juin dernier, dernier jour de grève générale, ils n’étaient pas parvenus à le faire.