L’appel à la vérité de la sœur de l'otage tué Vincent Delory

© AFP/DENIS CHARLET
  • Copié
Kévin Thuilliez et , modifié à
Annabelle, la sœur de l’otage français mort après un raid de l’armée au Mali en 2011, demande la reconnaissance de l’Etat pour la mort de son frère.

Cela fait quatre ans, presque jour pour jour, que les deux otages français Antoine de Léocour et Vincent Delory ont été tués dans l’opération militaire qui tentait de les sauver des mains de leurs ravisseurs, au Mali. Annabelle Delory n’en peut plus de ne toujours pas savoir d’où vient la balle qui a tué son frère, Vincent. A quelques jours d’un quatrième sombre anniversaire et d’une commémoration à Linselles, son village d’origine, elle pousse un ultime cri pour connaître la vérité et lance une pétition pour que son frère puisse obtenir la Légion d’honneur à titre posthume ainsi que la saisine des juges français sur ce dossier.

"La pétition est un cri de désespoir. C’est un des seuls moyens qui nous reste pour que l’oubli ne s’installe pas sur ce qui s’est passé", dit-elle au micro d’Europe 1.

D’autres otages libérés. Au fil de ces quatre années, Annabelle Delory a suivi les libérations d’otages. "C’est très difficile pour nous de voir que certains otages sont libérés, pour lesquels on a négocié. Pour nous, il n’y a pas eu tout ça", se désole-t-elle. Vincent Delory et Antoine de Léocour ont été kidnappés alors qu’ils se trouvaient à la terrasse d’un restaurant, à Niamey au Niger. Le lendemain matin, au cours du raid français qui vise à les libérer, les terroristes d’Aqmi exécutent Antoine de Léocour. Le corps de Vincent est également retrouvé mais l’incertitude plane toujours sur ce qui lui est réellement arrivé. Ses ravisseurs l’ont-ils également tué ou bien a-t-il été victime d’une balle perdue ?

Delory Annabelle AFP 640

© AFP/PHILIPPE HUGUEN

"On nous a fait des promesses, il y a quatre ans. Et quatre ans après, on n’a toujours rien vu venir", se plaint Annabelle Delory. En 2013, à la même époque, des pièces ont pourtant bien été déclassifiées et portées au dossier des avocats. Insuffisant.

Pas de Légion d’honneur pour Vincent. Désormais, la sœur de Vincent voudrait obtenir une reconnaissance de l’Etat français, mais "on ne rentre pas dans les cases". "Quand on demande à ce qu’il soit reconnu ‘mort pour la France’", explique-t-elle, "on nous dit que ça n’est que pour les militaires. Quand on demande la Légion d’honneur, on nous dit que ça ne rentre pas dans les conditions". L’otage français Hervé Gourdel, exécuté par un groupe islamiste en Algérie au mois de septembre 2014, s’est vu décerner une Légion d’honneur posthume un mois après sa mort.

Annabelle Delory se veut lucide : "Je sais bien que ça ne le ramènera pas, mais c’est tout de même une marque de reconnaissance, de respect vis-à-vis des personnes mortes au nom de cette guerre contre le terrorisme". Et pour elle, "l’oublier, c’est les faire mourir une deuxième fois".