L’aérospatiale russe en plein trou noir

Dernier déboire en date pour l'agence spatiale russe :  le crash du vaisseau cargo Progress M12-M 325 secondes après son décollage de Baïkonour.
Dernier déboire en date pour l'agence spatiale russe : le crash du vaisseau cargo Progress M12-M 325 secondes après son décollage de Baïkonour. © Capture Ecran YouTube
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Frédéric Frangeul , modifié à
Les échecs à répétition des fusées Soyouz illustrent les impasses d’un système.

Cinq échecs en neuf mois pour la fusée Soyouz. Ce fiasco a poussé jeudi la Russie à annoncer la suspension des lancements, au lendemain de l'accident d'un vaisseau cargo qui s'est écrasé 325 secondes après son décollage du cosmodrome de Baïkonour. Mais, au-delà, la décision de Moscou illustre la très mauvaise passe que traverse par l’aérospatiale russe pourtant considérée comme la plus sûre pour le lancement des engins spatiaux.

Le salaire d’un conducteur de bus pour les cosmonautes

Quelles sont les causes de ces échecs à répétition ? Pour l'expert russe Igor Lissov, cette série d'accidents de vaisseaux spatiaux russes est "un signal d'alarme" et révèle une "crise profonde" au sein du secteur spatial délaissé par l'Etat et dont le personnel est mal rémunéré. Un point de vue partagé par Alain Cirou, consultant en aéronautique d'Europe 1. "Les cosmonautes eux-mêmes, qui étaient autrefois l'élite suprême de l'Union soviétique, touchent aujourd’hui le salaire d'un conducteur de bus", explique-t-il.

L'échec du lancement de mercredi dernier en images :

Pour sa part, l'expert russe Konstantin Kreïdenko attribue ces échecs à des "erreurs systémiques" dues à l'absence de politique de gestion et de formation des ingénieurs au sein de l’agence spatiale russe, qui manque de personnel expérimenté.

Le flou règne sur l’utilisation de l’argent

Autre problème, la question de l'utilisation de l'argent envoyé par l’Union européenne et les Etats-Unis. Ces derniers viennent d'abandonner la navette et versent donc des centaines de millions de dollars à la Russie pour assurer le ravitaillement la station spatiale internationale (ISS). Mais la destination de cet argent reste floue. Pour Alain Cirou, dans un contexte de corruption endémique en Russie, rien n'indique cet argent va réellement sur les chaînes de fabrication.

Reste que, pour retrouver son lustre d’antan, le système "va devoir fondamentalement se réformer", conclut le consultant d’Europe 1.