L'Espagne limite fortement l'avortement

Depuis plusieurs années, de grandes manifestations sont régulièrement organisées contre l'avortement en Espagne.
Depuis plusieurs années, de grandes manifestations sont régulièrement organisées contre l'avortement en Espagne.
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Damien Brunon avec AFP , modifié à
La loi fait revenir l'Espagne aux conditions d'avortement instaurée en 1985 imposant notamment la justification de l'opération.

Le gouvernement conservateur espagnol a adopté vendredi un projet de loi limitant fortement l'avortement et revenant à un système similaire à celui de 1985, en dépit de l'opposition des féministes et de la gauche qui dénoncent un "retour en arrière de 30 ans".

Cette future loi, qui devrait être approuvée au Parlement où le Parti populaire détient la majorité absolue, annule une loi de l'ex-gouvernement socialiste de 2010 qui autorisait l'avortement jusqu'à 14 semaines et jusqu'à 22 semaines en cas de malformation du foetus.

Justifier l'opération. Elle fixe "deux conditions pour autoriser l'avortement: la première, que celui-ci soit nécessaire en raison d'un grave danger pour la vie ou la santé physique ou psychologique de la femme, et la deuxième, que la grossesse soit une conséquence d'un délit contre la liberté ou l'intégrité sexuelle de la femme", a expliqué le ministre de la Justice, Alberto Ruiz-Gallardon, à l'issue du Conseil des ministres.

En dehors de ces conditions, il ne sera pas possible d'avorter, selon ce texte qui impose aussi une autorisation parentale pour les mineures. Le gouvernement de droite revient donc, dans les grandes lignes, à la loi de 1985, même s'il ne fait plus de l'avortement un crime passible de prison.

Le Premier ministre l'avait promis. Promesse de campagne en 2011 du chef conservateur espagnol Mariano Rajoy mais retardé depuis, ce projet de loi a d'ores et déjà été dénoncé par les féministes et la gauche qui dénoncent un "retour en arrière de 30 ans". Plusieurs députées de gauche ont ainsi signé mardi un "pacte pour le droit à l'interruption volontaire de grossesse" émanant d'un collectif de 200 associations de femmes, appelant les députées du PP à les rejoindre.

Le président de la Fédération du planning familial, Luis Enrique Sanchez, a lui affirmé que la future loi pourrait signifier "un retour en arrière à la situation des années 1980, avec des femmes espagnoles qui vont en France ou en Angleterre" pour avorter lorsqu'elles en ont les moyens.