Kiev : les opposants vont passer "à l'offensive"

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Maud Descamps, Anne-Julie Contenay et Charles Carrasco avec AFP , modifié à
L'ESSENTIEL - Des heurts violents ont opposé mercredi manifestants et forces de l'ordre dans la capitale ukrainienne.

L'INFO. En Ukraine, la mobilisation a repris de plus belle. De nouveaux heurts, parmi les plus violents depuis deux mois, ont opposé manifestants et policiers à Kiev dans la nuit de mardi à mercredi.

#L'ESSENTIEL

• Cinq personnes ont été tuées, selon l'opposition.

• Le président Viktor Ianoukovitch a rencontré les trois principaux dirigeants de l'opposition.

• La Russie dénonce des "ingérences étrangères" et une opposition "extrémiste".

• "Choquée" par les violences, l'UE a menacé de "possibles actions".

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De violents affrontements. Depuis mercredi matin, les forces de l'ordre, dont les unités anti-émeute Berkout, casqués et équipés de boucliers, ont lancé plusieurs assauts contre les barricades dressées dans la rue Grouchevski où se trouvent le siège du gouvernement et le Parlement. Les manifestants jetaient des cocktails Molotov et des pierres sur les forces de l'ordre, et celles-ci ripostaient par des tirs de balles en caoutchouc et des grenades assourdissantes. Les manifestants isolés ou tombés étaient battus sans ménagement à coup de pieds et de matraque, selon les journalistes sur place.

Dans le centre de Kiev, un véhicule de transport de troupes blindé, est apparu pour la première fois depuis le début de la contestation, et a avancé dans la rue Grouchevski, selon les images de la télévision.  

Cinq opposants tués, selon l'opposition. Mercredi, cinq militants de l'opposition ont été tués et 300 autres blessés dans les violents affrontements avec les forces de l'ordre, a indiqué dans la soirée le centre du service médical improvisé de l'opposition. "Pour le moment, nous avons dénombré cinq morts. Et environ 300 personnes ont été blessées aujourd'hui depuis minuit", a déclaré le coordinateur du centre médical, Oleg Musiy, à la radio pro-opposition Hromadske. Selon le site Ukrainska Pravda, quatre des cinq personnes tuées avaient des blessures par balles.

Le parquet ukrainien a indiqué de son côté que deux hommes avaient tués par balles dans la zone du centre-ville où ont lieu les affrontements, l'opposition faisant état d'un troisième mort, un jeune homme décédé mardi après être tombé dimanche de plus de 10 mètres de haut alors qu'il cherchait à échapper aux forces anti-émeutes.

Suivez en direct, en vidéo, les manifestations place de l'Indépendance à Kiev :

Une réunion du président avec l'opposition. Le président Viktor Ianoukovitch a reçu trois heures durant les leaders de l'opposition, dont l'ex-boxeur Vitali Klitschko, sans qu'aucune annonce ne soit faite à l'issue de cette réunion qui visait à faire cesser les violences. Un peu plus tôt, il avait appelé dans la matinée les Ukrainiens à ne pas suivre "les extrémistes". Après la rencontre, Vitali Klitschko a rejoint des dizaines de milliers de manifestants réunis sur la place de l'Indépendance à Kiev et averti que l'opposition passerait à l'offensive jeudi si le pouvoir ne faisait pas de concessions.

Viktor Ianoukovitch "a cessé d'être président et est devenu un assassin", a déclaré, dans un message transmis par ses proches, l'opposante emprisonnée Ioulia Timochenko.

manifestations en Ukraine, 330, REUTERS

Les sanctions contre les manifestants viennent d'être durcies. Les violences à Kiev interviennent alors qu'une nouvelle loi est entrée en vigueur la semaine passée, autorisant les forces de l'ordre à durcir les sanctions contre les manifestants pro-européens défiant le pouvoir dans les rues de Kiev. C'est l'adoption de cette loi la semaine dernière qui a relancé la mobilisation. Dimanche, environ 200.000 personnes se sont réunies sur la place de l'Indépendance pour les dénoncer.

La Russie épingle l'opposition. Les Etats-Unis ont annoncé de premières sanctions en révoquant les visas de responsables ukrainiens. La Russie a dénoncé mercredi des "ingérences étrangères" dans les affaires de l'Ukraine, et une opposition "extrémiste" qui viole, selon elle, la Constitution.

L'UE, de son côté, a appelé par la voix de sa diplomate en chef Catherine Ashton à un "arrêt immédiat" des violences. En Conseil des ministres mercredi, François Hollande a de son côté exprimé sa "très vive préoccupation" après des affrontements "de plus en plus violents".

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