Khodorkovski à nouveau condamné

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avec agences , modifié à
L’oligarque russe a été reconnu coupable lundi du vol de millions de tonnes de pétrole.

Comme le premier ministre russe Vladimir Poutine l'avait laissé entendre à la mi-décembre, la justice a condamné un nouvelle fois l'oligarque Mikhaïl Khodorkovski, reconnu "coupable" lundi pour vol de millions de tonnes de pétrole.

"Le tribunal a établi que Khodorkovski et Lebedev avaient procédé au vol de biens dans le cadre d'un groupe organisé en utilisant leur fonction professionnelle", a déclaré le juge Viktor Danilkine qui a entamé lundi l'énoncé du jugement dans leur deuxième procès. Le tribunal les a également reconnus coupables pour "blanchiment" de 23,5 milliards de dollars. L'énoncé du jugement va durer plusieurs jours et la peine ne sera annoncée qu'à la fin.

"Nous allons sans aucun doute faire appel"

Ancien patron de Ioukos, fleuron de l'industrie pétrolière démantelé au profit d'entreprises proches du pouvoir, Mikhail Khodorkovski et son principal associé Platon Lebedev sont jugés depuis mars 2009 pour le vol de 218 millions de tonnes de pétrole. Le parquet avait requis 14 ans de camp contre les deux hommes, incarcérés depuis 2003, et qui purgent déjà une peine de huit ans pour escroquerie à grande échelle et évasion fiscale.

"Nous allons sans aucun doute faire appel", a réagi Vadim Kliouvgant, le principal avocat de l'oligarque. Entre 200 et 300 personnes, dont beaucoup de journalistes, se pressaient lundi matin devant le tribunal moscovite de Khamovniki. Seulement un petit groupe a réussi à entrer dans le tribunal.

Le pouvoir tourne la page des oligarques

L'affaire Ioukos est très largement considérée comme orchestrée par le pouvoir russe pour briser un homme d'affaires trop indépendant, qui finançait l'opposition et n'hésitait pas à contredire le président de l'époque Vladimir Poutine, actuel Premier ministre.

L'énoncé du jugement devait initialement commencer le 15 décembre mais a été reporté au 27 décembre sans explications. Mais l'homme fort de Russie, Vladimir Poutine, avait d'ores et déjà énoncé son verdict. "Tout voleur doit aller en prison", a-t-il martelé le 16 décembre estimant que les "crimes" de Khodorkovski avaient été "prouvés par la justice".

"Un test pour l'état de droit en Russie"

Cette déclaration a été dénoncée par les ONG internationales et la défense de l’oligarque comme "ingérence" dans le procès. Pour de nombreux observateurs, le jugement sera un test du ton plus libéral affiché par le président Dmitri Medvedev, et enverra un signal aux élites et aux investisseurs étrangers.

Le chef de l'Etat a estimé qu'aucun responsable n'avait le droit d'exprimer sa position avant le jugement sans pour autant condamner les propos de Vladimir Poutine. Le conseiller économique du Kremlin Arkadi Dvorkovitch a pourtant émis des doutes sur le bien-fondé des accusations dans le deuxième procès.

L'ambassadeur d'Allemagne à Moscou Ulrich Brandenburg a déclaré à deux jours du début de l'énoncé du jugement que le procès suscitait l'inquiétude des milieux des affaires occidentaux en soulignant que le jugement serait "un test pour l'état de droit en Russie".

La Maison Blanche "profondément inquiète"

La Maison Blanche s'est dite "pronfondément inquiète" lundi du verdict de culpabilité contre l'ex-magnat du pétrole russe Mikhaïl Khodorkovski, et a affirmé qu'une "application sélective" de la justice était de nature à "saper" l'état de droit en Russie.