Irlande : deux enfants roms retirés à leurs parents

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avec AFP , modifié à
Deux enfants, retirés à leurs parents, ont été rendus à leurs familles après des tests ADN qui les innocentaient.

Parce qu’ils ont la peau et les cheveux clairs, le doute s’est installé. Deux enfants âgés de sept et deux ans ont été retirés à leurs parents roms, en Irlande, afin que des tests ADN soient réalisés. Les autorités irlandaises avaient des doutes sur leur identité. Finalement, les deux petits ont été rendus à leur famille respective. Les autorités se sont trompées.

Elle était "différente". La petite fille, âgée de sept ans, vit avec sa famille à Tallaght, dans la grande banlieue de Dublin. Elle avait été retirée à ses parents lundi soir avant de les retrouver deux jours plus tard. Une séparation brève mais qui peut s’avérer traumatisante pour l’enfant, comme pour les parents.

Un garçon aux cheveux blonds et yeux bleus, âgé de deux ans, qui vit à Athlone, dans le centre de l'Irlande, a subi le même sort mardi soir, en vertu de la loi sur la protection de l'enfance. Ce dernier a été rapidement rendu à sa famille mercredi matin. Une fois encore c’est la différence ou le manque de ressemblance entre l’enfant et ses parents qui sont à l’origine de la décision.

Une communauté qui se sent visée. "Leur fille leur a été retirée parce que quelqu'un a estimé qu'elle était différente de ses frères et soeurs, et que du coup elle ne pouvait pas être une enfant rom", a réagi la famille de l'enfant dans une déclaration de son avocat, mercredi soir.

Mais les parents "n'acceptent pas qu'il s'agisse d'un argument suffisant pour leur retirer leur enfant (...). Ils ne pensent pas que cela se serait produit dans le cas où un enfant paraîtrait simplement différent physiquement de ses frères et soeurs. Cela s'est passé car ils sont membres de la communauté rom", selon la déclaration de l'avocat.

Le "désarroi regrettable" causé aux familles. Le ministre irlandais de la Justice, Alan Shatter, a mis en garde contre le risque d'une stigmatisation de la communauté rom. "Il est important qu'aucun groupe ou minorité ne soit montré du doigt (...) dans les cas de protection de l'enfance", a-t-il déclaré mercredi soir, se disant "particulièrement conscient du désarroi regrettable" causé aux familles de ces deux enfants. Le ministre a ordonné une enquête pour déterminer les "circonstances qui ont conduit" au retrait momentané des deux enfants de leurs familles.

La police irlandaise "devra justifier la raison pour laquelle une intervention a été décidée (et en quoi il y avait) une menace sérieuse et immédiate à la sécurité ou au bien-être de l'enfant", a estimé le rapporteur spécial chargé de la protection de l'enfance de Dublin, Geoffrey Shannon.

Un contexte favorable au dérapage. Ces deux affaires ont éclaté dans un contexte particulier puisqu'un couple rom a été inculpé en Grèce, lundi, pour l'enlèvement d'une fillette dont la découverte a provoqué des milliers d'appels de parents ou de proches à la recherche d'enfants disparus. Dans ce dernier cas, le couple affirme que la mère naturelle de l'enfant, une Rom bulgare, leur avait confié le bébé car elle ne pouvait pas s'en occuper.