Iran : Sakineh n'a pas été exécutée

Malgré la mobilisation internationale, Sakineh Mohammadi-Ashtiani pourrait être exécutée sous peu.
Malgré la mobilisation internationale, Sakineh Mohammadi-Ashtiani pourrait être exécutée sous peu. © MAXPPP
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avec Aurélien Fleurot et Emilie Denêtre , modifié à
Contrairement aux craintes de ses soutiens, elle n'a pas été exécutée mercredi.

Sakineh Mohammadi-Ashtiani a gagné au moins une semaine de répit. Alors que ses soutiens craignaient que cette mère de famille iranienne de 43 ans soit exécutée mercredi, il n'en a finalement rien été. "Sakineh Mohammadi-Ashtiani n'a pas été exécutée aujourd'hui. L'heure des exécutions est maintenant passée, ce n'est donc pas pour aujourd'hui. Mais le danger perdure et cela peut arriver à tout moment", a déclaré Mina Ahadi, porte-parole du comité international contre la lapidation.

Le dossier suit son cours

Sakineh "est en parfaite santé et se trouve à la prison de Tabriz", dans le nord-ouest du pays, a déclaré le chef de la justice locale, Malek Ajdar Sharifi. "Dans le même temps, son dossier suit son cours au niveau des tribunaux de la province", a-t-il ajouté. Il a également accusé "les médias hostiles occidentaux (...) de vouloir créer un climat empoisonné contre la République islamique d'Iran" en publiant de "telles informations" comme celle sur l'exécution imminente de Sakineh.

"Deux sources très sûres nous ont alertés sur une lettre de la Cour suprême de Téhéran qui a été envoyée à la prison de Tabriz et qui autorisait une exécution rapide de Sakineh", avait indiqué Maria De Franca, rédactrice en chef de la revue La règle du jeu. "Rapide, ça veut dire dans la semaine. En général, ils ne traînent pas. Et comme les exécutions n’ont lieu que le mercredi..."

Sakineh, soutenue par la communauté internationale, a été condamnée à dix ans de prison pour avoir participé au meurtre de son mari, et à la mort par lapidation pour plusieurs adultères. Elle a toujours clamé son innocence.

"Ce serait une abomination"

"Je n’arrive pas à le croire, je n’arrive pas à l’imaginer. Cette femme n’a rien fait, elle n’est coupable de rien", assurait de son côté Bernard-Henri Lévy, engagé dans la lutte pour la libération de Sakineh, au micro d’Europe 1. "Si elle devait être exécutée mercredi matin, dans la cour de la prison de Tabriz, comme nous l’annoncent des sources concordantes depuis Londres et Francfort, ce serait une abomination. Ce serait un crime non pas contre Sakineh, mais contre toutes les femmes d’Iran."

Le philosophe avait également tenu à prévenir les autorités iraniennes. "Il faut que les Iraniens sachent très clairement que le monde ne leur pardonnerait pas ce crime. Il faut prendre ces informations avec beaucoup de prudence, mais si les Iraniens commettaient cette erreur fatale, il faut qu’ils sachent que les conséquences, pour eux, pourraient être beaucoup plus dramatiques qu’ils ne l’imaginent."

Autre motif d'inquiétude : le sort de Sajjad Ghaderzadeh et Houtan Kian, le fils et l’avocat de Sakineh, ainsi que deux journalistes allemands. Tous ont été arrêtés en octobre et sont toujours incarcérés dans les geôles iraniennes.

La France et le PS mobilisés

La France, par la voix du secrétaire d'Etat aux Affaires européennes, Pierre Lellouche, avait dit espérer voir la condamnation à la peine de mort de Sakineh commuée : "C'est ce que nous espérons, que cette peine soit commuée et que cette femme échappe à cette condamnation (...) C'est un châtiment épouvantable, véritablement barbare et d'un autre âge". Mardi soir, la chef de la diplomatie européenne, Catherine Ashton, s'est dite "très préoccupée" par le sort de Sakineh.

Le Parti socialiste avait, de son côté, demandé "au gouvernement iranien de ne pas mettre en oeuvre la lapidation de Sakineh, à qui un procès équitable doit être garanti".

Deux rassemblements en soutien à Sakineh ont eu lieu mardi, l'un à Bruxelles, devant le Parlement européen, et l'autre à Paris, devant l'ambassade d'Iran. "On appelle le gouvernement français, qui s'était prononcé en faveur de Sakineh, à réagir au plus vite auprès des autorités iraniennes", a demandé le journaliste et écrivain d'origine iranienne Armin Arefi, au micro d'Europe 1, mardi.