Irak : les Kurdes mis en déroute par l'Etat islamique

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Damien Brunon avec agences , modifié à
TENSIONS - Considérés depuis plusieurs semaines comme le seul rempart à l’avancée des islamistes, les peshmerga ont reculé face à la première offensive de l’EI.

L’INFO. Les djihadistes de l'Etat islamique (ex-EIIL) ont pris le contrôle dimanche du principal barrage d'Irak, d'un gisement pétrolier et de trois villes supplémentaires dans le nord de l'Irak, infligeant aux combattants kurdes leur première défaite majeure depuis leur arrivée dans la région au mois de juin. La prise du barrage de Mossoul, après une offensive d'à peine 24 heures, est susceptible de donner aux djihadistes sunnites de l'Etat islamique (EI) la capacité d'alimenter en eau les grandes villes d'Irak, ou de contrôler l'eau qui alimente les exploitations agricoles, ce qui leur donne un avantage de taille dans leur projet de renversement du gouvernement chiite de Nouri al Maliki.

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Plusieurs victoires. Les djihadistes n'ont rencontré de résistance importante qu'au début de leur dernière offensive, quand ils ont pris Zoumar. Les premiers combats avaient été signalés samedi lorsque les combattants de l'Etat islamique ont progressé sur trois axes à bord de 4x4 équipés de mitrailleuses, remportant la victoire contre les forces kurdes malgré les renforts déployés par les autorités régionales kurdes.

Les islamistes ont ensuite hissé leurs drapeaux noirs sur la ville, une habitude qui en général précède des exécutions massives d'opposants capturés et la promulgation de règles idéologiques que même Al Qaïda trouve excessives.

A Sinjar, rapportent des témoins, les combattants kurdes sont partis après n'avoir opposé qu'une faible résistance aux djihadistes. Deux personnes vivant près du barrage de Mossoul ont expliqué à Reuters que les troupes kurdes avaient fui à bord de véhicules après avoir chargé leurs effets personnels et leurs climatiseurs.

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Les kurdes, dernier rempart. "Les bandes terroristes de l'Etat islamique ont pris le contrôle du barrage de Mossoul après le retrait des forces kurdes sans combat", a commenté la télévision irakienne. Il s'agit d'un sérieux revers pour les peshmerga (combattants) kurdes, qui représentaient une des rares forces encore capables de combattre en Irak et qui avait jusqu'ici réussi à résister aux djihadistes sunnites de l'EI, qui veulent modifier les frontières de la région.

Face à la déroute de l'armée irakienne devant l'avancée de l'Etat islamique, qui a déclaré un califat sur certaines parties d'Irak et de Syrie, les milices chiites et les peshmerga kurdes sont considérés comme le dernier rempart contre les djihadistes qui souhaitent s'emparer de Bagdad.

Que faire ? En remettant en question l'efficacité des combattants kurdes, les événements de dimanche posent à nouveau la nécessité de la formation d'un gouvernement irakien crédible, capable de s'opposer à l'EI.

Début juillet, une délégation du gouvernement régional du Kurdistan s'est rendue à Washington pour presser l'administration américaine de lui fournir des armes sophistiquées pour repousser les djihadistes sunnites, a-t-on appris cette semaine de sources kurdes et américaines.

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Les populations commencent à fuir. Située entre la frontière syrienne et Mossoul, Sinjar comptait 310.000 habitants mais accueille aussi des dizaines de milliers de réfugiés ayant fui devant l'avancée des insurgés sunnites dans la région ces dernières semaines.

La ville est aussi le foyer historique des Yazidis, une minorité kurdophone adepte d'une religion pré-islamique en partie issue du zoroastrisme. Les jihadistes les considèrent comme des adorateurs du diable.

"Des milliers de personnes ont déjà fui (Sinjar), certaines en direction des montagnes avoisinantes qui sont toujours sous contrôle kurde, et également en direction de Dohouk", dans la région autonome du Kurdistan irakien, a indiqué un autre responsable de l'UPK.