Homs : l'offensive devient terrestre

Homs vit sous une pluie de bombes depuis 25 jours
Homs vit sous une pluie de bombes depuis 25 jours © Reuters
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avec agences , modifié à
L'armée syrienne se déploie désormais dans la ville qu'elle bombarde depuis déjà 25 jours.

L'armée syrienne change de stratégie. Alors que les forces du président Bachar el-Assad se bornait jusqu'à présent à bombarder la ville de Homs, une offensive au sol a été lancée mercredi, notamment dans le quartier de Baba Amro.

"L'armée tente de pénétrer dans le quartier avec l'infanterie depuis le terrain de football d'Al Bassel, et nous assistons à de violents affrontements à l'arme automatique et à la mitrailleuse", a déclaré le militant de l'opposition Mohammad al Homsi, présent à Homs.

Une autre source de l'opposition a indiqué que des centaines d'insurgés de l'Armée syrienne libre (ASL) résistaient toujours dans un quartier situé entre Baba Amro et Al Inshaat, toujours pilonnés.           

L'armée a également bombardé la ville de Rastan, à 20km au nord de Homs, où plusieurs personnes ont été tuées, selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme. Les militants rapportent aussi l'attaque de la ville d'Helfaya, près de Hama.

La peur d'une "guerre urbaine"

Pourquoi un tel durcissement de la répression sur la "capitale de la révolution" ? Simplement par l'échec des autorités syriennes à briser la résistance des rebelles, pourtant bien moins équipés. "Le régime croit que s'il contrôle Homs, il mettra fin à la révolution", affirme le colonel Riad al-Assad, chef de l'ASL, force composée de déserteurs qui combat l'armée régulière notamment dans cette ville d'un million d'habitants. "Mais il rencontre une résistance féroce, c'est pour cela qu'il n'a pas lancé d'assaut jusqu'à présent".

Selon les analystes, l'armée rechigne cependant à se lancer dans une "guerre urbaine". "L'armée syrienne sait qu'entrer dans le quartier, c'est se faire tirer dessus de tous les côtés et qu'il faudra prendre maison par maison", explique Fabrice Balanche, directeur du Groupe de recherches et d'études sur la Méditerranée et le Moyen-Orient (Gremmo), à Lyon.

Le spectre de Hama en 1982

Un autre drame reste ancré dans la mémoire collective. "Il y a 30 ans, un soulèvement des Frères musulmans à Hama avait été écrasé par les forces du président Hafez al-Assad, père de Bachar, au prix de milliers de morts. "Le régime ira jusqu'au bout, mais comme il ne peut pas se permettre de faire 20.000 morts comme à Hama, il bombarde pour terroriser les civils et vider le quartier. Quand il ne restera plus que les rebelles, il pourra raser Baba Amr", ajoute cet expert de la Syrie. Selon lui, ce quartier de 40.000 habitants a déjà perdu les deux-tiers de sa population.

Au total, la répression a fait plus de 7.500 morts chez les civils depuis le début du soulèvement en mars 2011, selon les Nations Unies.