Grèce : des négociations difficiles en vue avec l'UE

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Noémi Marois et avec AFP , modifié à
LÉGISLATIVES GRECQUES - Le parti Syriza, vainqueur des législatives dimanche, souhaite restructurer sa dette mais les négociations avec ses partenaires européens, notamment allemands, risquent d'être ardues. 

L'Union européenne, face à la large victoire de Syriza aux législatives grecques, va devoir composer avec son leader Alexis Tsipras, désormais nouvel homme fort du pays. Alors que ce parti d'extrême-gauche prône l'anti-austérité, l'UE va devoir choisir entre l'affrontement avec la Grèce ou bien des concessions difficiles à accepter pour certain pays, comme l'Allemagne. Le Royaume-Uni a, pour sa part, déjà annoncé son pessimisme. Son Premier ministre, David Cameron, a estimé dimanche que la victoire de Syriza en Grèce, allait augmenter "l'incertitude économique en Europe".

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Des "moments de tension" sur la dette. Si une sortie de la zone euro semble définitivement exclue par Syriza, Alexis Tsipras réclame une restructuration de la dette, qui représente aujourd'hui 177% du PIB grec. Mais pour obtenir satisfaction, le nouveau gouvernement grec devra d'abord convaincre ses partenaires européens. Il faut donc s'attendre à des "moments de tension" entre Bruxelles et Athènes dans les prochaines semaines, estime un haut fonctionnaire européen. Car l'UE est prête à négocier, mais à une seule condition : que la Grèce poursuive ses réformes. Exactement ce dont ne veut plus Alexis Tsipras...

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La France exposée à hauteur de 40 milliards d'euros. Depuis le début de la crise grecque, les créanciers internationaux ont prêté près de 240 milliards d'euros à la Grèce. Parmi les bailleurs de fond : les Etats de l'UE, dont la France. Paris serait exposé à hauteur de 40 milliards d'euros en cas de défaut du pays du sud de l'Europe, selon Benoît Coeuré, membre du directoire de la BCE. Une somme qui explique peut-être les prudentes félicitations adressées par François Hollande à Alexis Tsipras.

Une première solution : accorder un nouveau délai. Les partenaires européens de la Grèce sont prêts à donner un délai au nouveau gouvernement grec avant de pouvoir négocier sereinement sur son plan d'aide, a assuré le ministre français des Finances, Michel Sapin. Une extension de six mois du programme actuel, déjà prolongé en décembre jusqu'à fin février, est envisageable comme première réponse, a-t-on indiqué de source européenne.  "On ne va pas échapper à une renégociation, la question est sur quoi va-t-elle porter : les échéances, les montants, les deux", a confié dimanche une source européenne à Bruxelles. "Pour les montants ce sera le plus difficile", a-t-elle ajouté.

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Allemagne VS Grèce. La position de l'Allemagne sera déterminante. La victoire de Tsipras "mine la politique actuelle organisée sur des principes allemands", a souligné dimanche Julian Rappold, de l'Institut allemand de politique étrangère. Il faut donc s'attendre à des moments tendus entre Bruxelles et Athènes dans les prochaines semaines, estime un haut fonctionnaire européen. Pour le moment, le gouvernement allemand écarte toute renégociation de la dette. Mais Berlin pourrait être contraint de négocier pour sortir de l'impasse.

Réunion à Bruxelles lundi. L'Allemagne aura en tout cas un allié de poids : la Banque Centrale Européenne. Benoît Coeuré, membre du directoire de la BCE, a été clair lundi matin sur Europe 1 : "La Grèce doit payer, ce sont les règles du jeu européen". L'institution de Francfort n'accordera donc aucun rabais au pays, qui devra lui rembourser deux prêts de plus de 3 milliards d'euros cet été. Mais Athènes a la possibilité de négocier un allégement de sa dette avec ses partenaires européens. Lundi, les ministres des Finances de la zone euro se réuniront à Bruxelles, principalement au sujet de la Grèce. Cette session de travail donnera déjà un premier indice : jusqu'où l'UE est prête à aller pour trouver un terrain d'entente avec le nouveau pouvoir à Athènes.

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