Génocide : les jeunes Arméniens toujours marqués par le silence

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Sébastien Krebs, envoyé spécial à Erevan, avec , modifié à
L'Arménie commémore vendredi le début du génocide qui a coûté la vie à 1,2 million de personnes à partir de 1915. Les jeunes Arméniens vivent aujourd'hui avec ce lourd passé.

Des centaines de milliers de personnes se réuniront aujourd'hui à Erevan, la capitale de l'Arménie, pour le centenaire du génocide arménien. Après les 600 notables arméniens assassinés à Constantinople le 24 avril 1915, Ankara va s'acharner sur 1,2 million d'Arméniens dans un véritable massacre génocidaire. Cent ans plus tard, la Turquie refuse toujours de parler de génocide, affirmant que ces Arméniens ont été massacrés pendant la guerre mais sans qu'Ankara ait voulu éradiquer ce peuple.

Le silence et l'injustice. Aujourd'hui, les jeunes Arméniens vivent avec l'histoire de leurs arrière-grands-parents et continuent à demander une reconnaissance de ce passé douloureux. Arus, une jeune Arménienne rencontrée à Erevan, imagine "la voix ou plutôt le silence de ces gens morts et qui sont malgré tout toujours là". "Je ne sais pas si on peut entendre le silence, mais moi, je l'entends", se confie-t-elle au micro d'Europe 1, un œil sur la flèche du mémorial du génocide érigé sur les hauteurs de la capitale.

Depuis le mémorial, Gevorg, la vingtaine, aime aller apercevoir le mont Ararat, symbole de la nation arménienne de l'autre côté de la frontière, en Turquie. Ses aïeux y habitaient mais aucun membre de la famille n'y est jamais retourné."Je veux visiter mon pays historique, trouver notre maison dans ce village", rêve-t-il.

Cette génération porte un espoir pour les jeunes Arméniens. Arus, elle, n'arrive pas à dépasser ce "sentiment d'injustice, d'une histoire qui n'est pas réglée". Mariam, une amie, veut croire que sa génération changera les choses : "Maintenant, les jeunes Turcs ont une attitude plus ouverte", se félicite-t-elle. "Ils ne sont pas coupables pour les crimes de leurs grands-parents. La seule chose qui nous met en colère, c'est le silence." Sans cette reconnaissance, il y a toujours un vide à combler, ajoute-t-elle. Un vide qui empêche son pays de se tourner vers l'avenir.

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