Espagne : la démonstration de force des Catalans

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Noémi Marois avec agences , modifié à
ESPAGNE - Les Catalans s'expriment dimanche, dans un scrutin symbolique, pour ou contre leur indépendance. Des plaintes ont été déposées contre ce vote.

Ils sont près de deux millions à s'être déplacés dimanche pour voter dans un scrutin qui n'a aucune valeur légale. Cet afflux massif pourrait bien faire trembler Madrid, qui s'est fermement opposé à l'organisation de ce vote symbolique sur l'indépendance de la région espagnole.

Près d'un tiers des personnes pouvant voter se sont donc rendues aux urnes. Au total, quelque 5,4 millions de personnes âgées de 16 ans et plus, ou résidant depuis un à trois ans en Catalogne pour les étrangers, étaient autorisés à répondre à deux questions: "Souhaitez-vous que la Catalogne soit un Etat et si oui, doit-il être indépendant"?

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Une consultation non officielle. Cette "consultation des citoyens" a été organisée en remplacement d'un référendum plus officiel, bien que non légal lui aussi, que souhaitaient les dirigeants de la région. Plus de 40.000 volontaires ont aidé à l'organisation de bureaux de vote informels qui ont ouvert dimanche à 9 heures, parfois sous les applaudissements des votants. Samedi et dimanche, des plaintes ont été déposées contre cette consultation par un parti politique et par des associations. Le ministre espagnol de la Justice a réagi en condamnant "un acte de propagande stérile et inutile".

Le but des Catalans est de "voter dans un référendum définitif" sur l'indépendance, comme les Ecossais et les Québécois, a déclaré dimanche le président catalan après avoir voté. "Malgré les énormes difficultés que nous avons rencontrées, les bureaux de vote sont ouvert en Catalogne et beaucoup de gens participent", a déclaré Artur Mas, 58 ans, en sortant du bureau de vote installé dans une école de Barcelone. Il a déclaré que l'objectif de cette consultation était de "convaincre les gens à Madrid" que les Catalans "ont droit à un référendum avec ses conséquences politiques". 

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Artur Mas, dimanche, lors de son vote.

50% des Catalans favorable à l'indépendance. À en croire les sondages, 80% des Catalans souhaitent une plus grande autonomie par rapport à l'Espagne, tandis que 50% environ sont favorables à l'indépendance pure et simple.

Le mouvement pour l'indépendance existe depuis longtemps dans cette province riche dotée d'une culture et d'une langue propre, mais il a pris de la force ces dernières années de difficultés économiques. En raison de la crise, de nombreux Catalans jugent qu'ils donnent trop à l'Etat et n'en reçoivent pas assez. 

La région, qui représente 20% du PIB espagnol, compte 7,5 millions d'habitants. 

Madrid minimise. Le président du gouvernement espagnol Mariano Rajoy a minimisé l'importance du vote catalan samedi et assuré qu'il n'aurait aucune conséquence. "Ce n'est ni un référendum, ni une consultation, ni quoi que ce soit de ce genre", a-t-il insisté en appelant les Catalans à"revenir à la raison" et à renouer le dialogue avec les autorités de Madrid après le vote. 

Farouchement opposé à tout scrutin sur l'indépendance de la région, le gouvernement espagnol de Mariano Rajoy a saisi par deux fois le Tribunal constitutionnel pour empêcher le vote de dimanche. Ce Tribunal a ordonné la suspension du vote symbolique, dans l'attente de se décider sur le fond. 

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Des plaintes déposées en justice. Le petit parti centriste espagnol UPyD a déposé, dimanche à Barcelone, une plainte pour "désobéissance et prévarication"  contre le président de la Catalogne, Artur Mas, et deux membres de son gouvernement. La plainte réclame "l'évacuation et la fermeture" par les forces de l'ordre "des lycées et autres bâtiments publics où est organisée la consultation", la "saisie de tout le matériel" utilisé pour le vote ainsi que "l'arrestation et mise à disposition de la justice des auteurs, complices et autres responsables" de son organisation.

Samedi, une autre plainte avait été déposée, à titre personnel, par deux porte-parole de l'association Société civile Catalane (SCC), fondée en avril pour rompre avec "la spirale du silence" face au puissant message indépendantiste. Dans leur plainte, Daniel Arenas et Juan Arza dénonçaient "la violation de la décision dictée par le Tribunal constitutionnel selon laquelle le gouvernement de la Generalitat ne devait utiliser aucun moyen public pour organiser ce processus de participation". 

La petite organisation xénophobe catalane Plataforma per Catalunya a également annoncé dans un communiqué avoir déposé une plainte dimanche, pour "délit de désobéissance civile".

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