Égypte : vent de colère contre l'armée

Les funérailles des 25 personnes décédées lors de la manifestation de dimanche ont eu lieu lundi au Caire
Les funérailles des 25 personnes décédées lors de la manifestation de dimanche ont eu lieu lundi au Caire © Reuters
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avec agences , modifié à
Elle est accusée d'avoir réprimé dans le sang une manifestation copte dimanche au Caire.

La communauté copte est en colère. La tension ne parvient pas à retomber en Égypte après la mort d'au moins 25 personnes appartenant à cette minorité religieuse tuées lors d'une manifestation dimanche au Caire. L'armée, à l'origine de cette répression sanglante, la plus importante depuis la chute du président Moubarak en février, est accusée d'avoir fait preuve d'une violence disproportionnée.

Des milliers de manifestants ont défilé lundi soir depuis la grande cathédrale du Caire jusqu'à l'hôpital copte où la plupart des 253 blessés sont soignés pour appeler au calme interreligieux.

"SOS: les Coptes sont attaqués par l'armée d'Egypte", pouvait-on lire sur une pancarte ou encore "A bas le pouvoir militaire! A bas le maréchal! Le peuple veut l'exécution du maréchal!" en référence au chef du conseil militaire au pouvoir, le maréchal Mohamed Hussein Tantaoui.   

L'armée soupçonnée de maintenir l'ancien pouvoir :

"L'armée dit que nous étions armés, c'est complètement faux ! Trois groupes nous ont attaqués hier: la police, les militaires et les baltageyya (voyous, ndlr)", affirme Nour, venu protester dimanche contre la démolition partielle d'une église dans la province d'Assouan. "Tout ça a été planifié par l'armée et la police", accuse-t-il.

La police anti-émeute contre des jets de pierres :

"J'ai vu les véhicules de l'armée foncer à toute vitesse sur les manifestants. J'ai vu les gens se faire écraser, et quand certains en réchappaient, c'est la police anti-émeutes qui est venue les chercher et les passer à tabac", témoigne Samuel, 28 ans.

"Pourquoi n'agissent-ils pas de la même manière avec les salafistes ou les Frères musulmans quand ils organisent des manifestations ? Ce pays n'est plus le mien", interroge Alfred, près de l'hôpital copte du Caire.

Pour tenter de ramener le calme, le Conseil suprême des forces armées (CSFA) au pouvoir a demandé au gouvernement de mener une enquête rapide sur ces affrontements.

Les coptes représenteraient 6 à 10% des 80 millions de la population égyptienne. L'Église copte, elle, revendique 10 millions de fidèles.