Des électeurs américains privés de vote ?

Aux Etats-Unis, certains s'inquiètent du fait que des électeurs pourraient être dissuadés de se rendre aux urnes.
Aux Etats-Unis, certains s'inquiètent du fait que des électeurs pourraient être dissuadés de se rendre aux urnes. © REUTERS
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avec AFP , modifié à
Des États du Sud ont voté des lois qui pourraient dissuader certains électeurs d’aller voter.

Et si certains électeurs américains se retrouvaient privés de vote le 6 novembre ? C’est ce que laissent craindre des lois électorales adoptées dans certains États du Sud des États-Unis, dénoncées par des associations et par le camp démocrate de Barack Obama. Comme d’autres États, la Caroline du Sud a ainsi adopté l’obligation pour ses électeurs de présenter une pièce d’identité avec photo pour pouvoir voter.

nikki haley, républicains

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Le texte adopté par cet État républicain, gouverné par Nikki Hailey, a été invalidé par l’administration Obama, et a été examiné par un tribunal fédéral à Washington mardi. La raison de cette opposition : une telle mesure risque d’empêcher une frange de l’électorat - Noirs, Hispaniques ou pauvres - de pouvoir voter.

"Affront au droit de vote"

Un rapport du Advancement Project rendu public lundi souligne en effet que plus de 10 millions d’électeurs hispaniques pourraient être dissuadés de se rendre aux urnes le 6 novembre, sur les 21 millions d’Hispaniques ayant le droit de vote. "On assiste au plus grand affront au droit de vote en plus d’un siècle", s’insurge la cofondatrice du groupe de défense des droits civiques, Penda Hair.

Selon le rapport,  23 États au total ont mis en place des obstacles comme la présentation d’un document d’identification avec photo. Le Brennan Center for Justice, de l’Université de New York, en a de son côté recensé 17, en majorité gouvernés par des républicains et situés dans le sud du pays.

Pas de carte nationale d’identité aux États-Unis

Aux États-Unis, il n’existe pas de carte nationale d’identité à l'image de notre carte d'identité française. Dans bon nombre d’États, la présentation d'une facture d'électricité comportant le nom du votant suffit à identifier un électeur, quand ce n'est pas une simple signature qui suffit, expliquait Lemonde.fr en décembre 2011. Eugene Robinson, éditorialiste au Washington Post, souligne que "les minorités, les pauvres et les personnes âgées sont moins susceptibles que les autres Américains de posséder un document d’identification gouvernemental, comme un permis de conduire".

En outre, certains Américains naturalisés peuvent ne pas avoir d’acte de naissance en leur possession, ou se trouver "intimidés par les démarches à effectuer", ajoute-t-il.

Les républicains accusés

Barack Obama

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La frange de l’électorat risquant de faire les frais de ces mesures est en substance celle qui tend le plus à voter pour Barack Obama. De là à dire que ces lois servent à entraver l’électorat du président sortant, il n’y a qu’un pas, que franchit Katherine Culliton-Gonzalez, auteur du rapport d’Advancement Project. Pour elle, ceux qui soutiennent ces mesures le font "pour leur propre bénéfice, de manière partisane".

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Du côté républicain, on assure au contraire qu’un meilleur contrôle des votants est nécessaire pour empêcher la fraude et garantir l’intégrité du processus électoral, explique le Los Angeles Times.

La Floride, État-clé

Dans le cas de la Caroline du Sud, les juges doivent prendre leur décision début octobre. Lors de l’audience de mardi, ils se sont étonnés de la précipitation du gouverneur de l’État. "Est-ce que vous nous poussez à prendre une décision pour 2012 ?", s’est ainsi interrogé l’un des juges, John Bates. D’autres procédures sont en cours ailleurs aux États-Unis, comme en Floride par exemple.

Cet État où près de 23% des habitants sont hispaniques fait partie des "swing states", ces États indécis qui peuvent faire basculer l’élection. En 2000, c’est là que s’était jouée la victoire contestée de George W. Bush, et en 2008, elle avait donné à Barack Obama un avantage décisif. Le soir du 6 novembre, les regards seront donc sans doute braqués sur elle, et sur les éventuelles restrictions d’accès au vote.