Course à la Maison-Blanche : Mitt Romney, prêt à rempiler ?

Mitt Romney avait juré qu'on ne l'y reprendrait plus, mais il semble bien parti pour se lancer, une nouvelle fois, dans la course à la Maison-Blanche.
Mitt Romney avait juré qu'on ne l'y reprendrait plus, mais il semble bien parti pour se lancer, une nouvelle fois, dans la course à la Maison-Blanche. © David Greedy/GETTY IMAGES NORTH AMERICA/AFP
  • Copié
, modifié à
JAMAIS DEUX SANS TROIS - Perdant en 2012 face à Barack Obama, le républicain "envisage" de remettre le couvert en 2016. Pari gagnant ou échec assuré ?

"Oh, non, non, non. Non, non, non, non, non. Non, non, non". Voilà ce que répondait Mitt Romney, candidat malheureux à la Maison-Blanche, quand le New York Times lui demandait en janvier dernier s’il avait l’intention de se lancer dans la course en 2016. Un an plus tard, le ton a changé. Début janvier, le perdant de 2012, âgé de 67 ans, participait à une réunion de donateurs à New York. "Vous pouvez tous ici aller dire à vos amis que j’envisage une candidature", leur aurait-il lancé, selon le site Politico. Rempiler, une bonne ou une mauvaise idée ? Europe1.fr pèse le pour et le contre.

Pourquoi c’est une bonne idée

Ça a réussi à Ronald Reagan. Comme le souligne Le Figaro, "la troisième fois est parfois la bonne". C’est en tout cas ce qui est arrivé à Ronald Reagan, perdant de la primaire républicaine en 1968 et de l’élection présidentielle en 1976, avant d’accéder à la Maison-Blanche en 1980. Ce parcours inspire sans doute Mitt Romney, candidat malheureux aux primaires républicaines de 2008, face à John McCain, et perdant de la présidentielle de 2012, contre Barack Obama. Alors, la troisième fois sera-t-elle la bonne ? Ce qui a marché pour Ronald Reagan pourrait bien fonctionner aussi pour Mitt Romney. 

Mitt Romney - 1280-640

© Sandy Huffaker/GETTY IMAGES NORTH AMERICA/AFP

Il a changé (de stratégie). D’autant plus que le républicain a changé de stratégie de communication, souligne le Washington Post. "S’il se représente en 2016, Romney est déterminé à changer son image pour donner celle d’un homme authentique, avec ses défauts", notamment en mettant en avant sa religion. Ce mormon n’hésite plus à évoquer sa spiritualité et son expérience de pasteur. Il envisagerait même d’installer un éventuel QG de campagne dans l’Utah, à Salt Lake City, la capitale des mormons. Côté programme, il entendrait mettre l’accent sur la lutte contre la pauvreté. 

>> LIRE AUSSI - Quand Romney venait convertir la France

Les républicains le veulent. Si Mitt Romney se présentait aujourd’hui aux primaires républicaines, il aurait de grandes chances de l’emporter. C’est en tout cas ce que suggère un sondage de CBS News publié le 18 janvier, selon lequel près de 60% des sympathisants du parti conservateurs souhaiteraient voir Mitt Romney les représenter dans la campagne de 2016. 

Pourquoi c’est une mauvaise idée

Jeb Bush - 640-640

© Justin Sullivan/GETTY IMAGES NORTH AMERICA/AFP

Déjà des concurrents solides... Mais le même sondage montre que Mitt Romney a déjà des concurrents solides. A commencer par Jeb Bush, ex-gouverneur de Floride, fils de Bush senior et frère de George W. Bush, plébiscité par 50% des républicains. Lui a pris de l’avance sur tous les autres candidats potentiels, allant jusqu’à démissionner dès janvier de ses mandats dans le privé, juste au cas où. Autre concurrent de poids : Chris Christie, gouverneur du New Jersey, qui commence lui aussi à préparer la bataille. Et quand bien même Mitt Romney parviendrait à remporter l’investiture républicaine, rien ne dit qu’il arriverait à battre sa probable adversaire démocrate, Hillary Clinton. D’après un sondage ABC News/Washington Post, si le combat Romney-Clinton avait lieu aujourd’hui, l’ancienne secrétaire d’Etat de Barack Obama l’emporterait avec 55% des voix.

… et des casseroles. Pour cette nouvelle candidature, Mitt Romney entend mettre l’accent sur un thème un peu nouveau pour lui : la lutte contre la pauvreté et les inégalités. La stratégie aura peut-être du mal à convaincre les Américains qui se souviennent de ses propos malheureux en 2012. Sans savoir qu’il était filmé, le candidat d’alors avait fustigé devant de riches donateurs les "47%" d’Américains prêts à voter pour Obama dotés d’une mentalité de "victimes". Son immense fortune pourrait aussi lui jouer des tours, d’autant plus qu’après 2012, l’homme a fait construire deux énormes maisons, l’une en Californie, l’autre dans l’Utah, et s’est aussi acheté un chalet à la montagne. D’après le Boston Globe, il aurait toutefois mis en vente sa demeure de San Diego, qui comprend un ascenseur pour voitures. 

Murdoch ne veut pas de lui. Il existe une personne qui ne veut certainement pas de lui à la Maison-Blanche : Rupert Murdoch. Le magnat australien des médias, qui possède entre autres le tabloïd New York Post, le quotidien économique Wall Street Journal et la chaîne Fox News, l’a fait savoir à plusieurs reprises. Dans un édito, le Wall Street Journal a qualifié la candidature de Mitt Romney de "calamité". Rupert Murdoch a fait savoir qu’il était tout à fait d’accord avec ce point de vue. Twitto prolifique, il en a remis une couche sur son compte personnel : "soyons clair. Mitt Romney est quelqu’un de très sympathique. Mais il a eu sa chance et il semblait manquer d’une grande vision pour ce pays".