Chine : Weiwei s’oppose en chantant

© CAPTURE YOUTUBE
  • Copié
avec Reuters
VIDEO - Le plus célèbre dissident chinois a sorti un clip dénonçant sa détention.

L'artiste Ai Weiwei, dissident le plus célèbre de Chine, a ajouté une corde à son arc mercredi avec la sortie d'un "single" extrait de son premier album de "heavy metal", une chanson appelée "Dumbass" ("Abruti"), inspirée par son séjour en prison en 2011.

Tourné par le réalisateur australien Christopher Doyle, le clip de "Dumbass" décrit les 81 jours de détention au secret d'Ai Weiwei, qui avaient valu à Pékin de vives critiques internationales. L'artiste y apparaît à un moment en uniforme de la police chinoise, fouettant des prisonniers enchaînés.

Truffée de propos grossiers, "Dumbass" est une charge contre les violations des droits de l'homme par les autorités chinoises.

L'album, nommé d'après le poème de Dante "Divina Commedia" - un clin d'oeil au surnom dont l'artiste chinois est affublé par ses admirateurs - doit sortir le mois prochain. Il comprend six titres, dont une chanson dénonçant la censure sur internet et une autre à la gloire du dissident aveugle Chen Guangcheng, qui s'est réfugié à l'ambassade des Etats-Unis le mois dernier après s'être évadé de son domicile où il était placé en résidence surveillée.

Ai Weiwei sait que ses chansons ne marqueront pas l'histoire de la musique par leur qualité sonore. "Ce n'est pas très agréable à écouter car je n'ai pas de réel talent. J'ai éprouvé beaucoup de difficultés à faire de la musique", a-t-il confié à Reuters. Il se montre aussi philosophe face à l'interdiction vraisemblable de son album en Chine. "Mon nom et mes photographes sont aussi censurés, donc ce n'est pas un problème."

Ce qui ne l'empêche pas de nourrir un rêve: donner un jour un concert sur la place Tiananmen, théâtre de la répression sanglante du mouvement pro-démocratie en 1989. "Je suis sûr que cela arrivera", assure-t-il.