Cette vidéo qui embarrasse le président turkmène

La chute du président turkmène aurait pu être passée totalement sous silence si elle n'avait pas été filmée et mise en ligne.
La chute du président turkmène aurait pu être passée totalement sous silence si elle n'avait pas été filmée et mise en ligne. © REUTERS
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avec AFP
VIDÉO - Le président est tombé de cheval. Silence dans les médias, mais la vidéo a tout de même filtré.

Les images. Les autorités turkmènes ont fait tout leur possible pour éviter que l’information ne soit diffusée. En vain : la vidéo du président Gourbangouly Berdymoukhamedov tombant de son cheval après avoir remporté une course dimanche a tout de même été postée sur Internet mercredi. On y voit le président, réputé bon cavalier, chuter de son cheval, Berkatar (le Puissant), lors d’un festival équestre dans ce pays très fermé.

Des images impressionnantes. Les images sont saisissantes : après avoir franchi la ligne d’arrivée, le cheval trébuche et le président, en habits traditionnels, fait une chute spectaculaire, restant immobile sur le sol pendant quelques secondes.

La chute du président :

Une nuée d’agents de sécurité en costume noir se précipitent alors vers lui, le cachant aux yeux des spectateurs jusqu’à ce qu’une ambulance arrive sur le champ de course.

Pas un mot dans les médias. Les médias turkmènes ont largement couvert cette course. Le journal officiel Neutralny Turkmenistan a ainsi consacré quatre pages à la victoire du président, qui a reversé ses gains - 11 millions de dollars - à une fondation s’occupant de chevaux. Mais à moins d’avoir assisté à la course ou d’avoir vu la vidéo, impossible pour les Turkmènes d’avoir connaissance de la chute de Gourbangouly Berdymoukhamedov, puisque l’incident n’est même pas mentionné dans la presse. Lundi et mardi, la télévision publique a diffusé des images du président, en apparente bonne santé, participant à des réunions.

Tablettes et caméras contrôlées. Pour le pouvoir, qui a développé un véritable culte de la personnalité autour du chef de l’État, pas question de laisser filtrer des images de la chute. A l’aéroport d’Achkhabad, les portables, les tablettes et les caméras des passagers quittant le pays ont été contrôlés. Plus inquiétant : d’après le site d’opposition Gundogar, des dizaines de personnes soupçonnées d’avoir essayé de faire passer les images auraient été arrêtées.