Cette Ukraine qui a soif d'Europe

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Charles Carrasco et Jean-Sébastien Soldaïni, envoyé spécial en Ukraine , modifié à
TEMOIGNAGE - Alesia, une manifestante, n'a pas connu l'époque soviétique et adhère aux valeurs de l'UE.

L'INFO. C'est une double visite qui illustre bien à quel point l'Ukraine est tiraillée. D'un côté, une délégation ukrainienne va se rendre à Bruxelles pour poursuivre les négociations en vue d'un éventuel rapprochement avec l'UE. Mais, dans le même temps, histoire de ne pas froisser Moscou, une autre délégation est attendue en Russie, notamment pour tenter de renforcer les échanges commerciaux entre les deux pays. L'Ukraine est donc prise en étau entre l'Europe et la Russie. Mais la volte-face du pouvoir, qui a refusé de signer à la dernière minute l'accord d'association avec l'UE, a déclenché des manifestations sans précédent depuis la Révolution orange de 2004. 

"Ce que propose l'Europe me convient". Alesia, une manifestante, n'a pas connu l'époque soviétique. Elle est née juste avant l'indépendance de son pays. La Russie pour elle n'est rien d'autre qu'un "grand voisin" qui a imprégné sa culture. Elle parle russe et travaille pour des clients russes. Si elle choisit d'aller chaque jour sur la place de l'Indépendance à Kiev, au milieu des drapeaux européens, ce n'est surtout pas pour exprimer un rejet de la Russie.

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"Je n'ai rien contre les Russes et la Russie. Il n'y a pas deux camps ici. Il n'y a pas de pro-Russes face à des pro-Européens. Seulement des gens qui choisissent de dire ce qu'ils jugent être la bonne voie pour l'Ukraine", affirme Alesia, interrogée par Europe 1. "Pour ma part, je n'adhère pas au modèle russe. Je suis pour plus d'Etat de droit, plus de place accordée aux droits de l'Homme. Je n'ai aucun ressentiment envers la Russie en raison du passé. Simplement, ce que propose l'Europe me convient", a-t-elle expliqué pour justifier sa présence dans la rue.

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Une forte attente vis-à-vis de l'Ouest. Sur le terrain, une centaine de manifestants pro-européens ont tenté, à nouveau, de bloquer mercredi le siège du gouvernement. La veille, les forces anti-émeute ukrainiennes avaient évacué avec violence la place de l'Indépendance, faisant une trentaine de blessés. Selon le quotidien en ligne Ukraïnska Pravda, l'Université de Kiev à été sommée de fournir les listes d'étudiants susceptibles d'avoir pris part aux manifestations.

Les jeunes Ukrainiens, qui forment le gros des cortèges, sont guidés par ce même appétit d'Europe. L'attente est forte vis-à-vis de l'Ouest. Quant à Viktor Ianoukovitch, le président de l'Ukraine, Alesia, comme d'autres manifestants, ne lui adresse pas de réelles critiques. Pas même celle d'être trop tourné vers Moscou. Ce n'est que depuis vendredi, lorsqu'il s'en est pris à de jeunes manifestants, qu'elle a commencé à réclamer son départ.

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