Ces journalistes (beaucoup) trop indiscrets

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Corentin Bainier , modifié à
Deux employés du tabloïd News of the World ont été arrêtés, soupçonnés d'écoutes illégales.

News of the World n'en finit plus de s'enfoncer dans le scandale : deux journalistes du tabloïd britannique ont été arrêtés mardi, dans le cadre du scandale du piratage des messageries téléphoniques de personnalités.

L’affaire secoue le journal à scandales depuis novembre 2005. News of the World est soupçonné d’avoir procédé à des écoutes téléphoniques, communications et messageries, de la famille royale ainsi que de milliers de célébrités, des milieux du sport, de la politique ou du show business, parmi lesquelles l'ancien vice-Premier ministre John Prescott ou l’actrice Sienna Miller. C’est d’ailleurs après qu’elle a gagné son procès devant la Cour suprême début avril que l’enquête a été relancée.

Un collaborateur de David Cameron éclaboussé

Des têtes sont déjà tombées. En 2007, l’ancien journaliste chargé de couvrir les activités de la famille royale avait été emprisonné. Puis en janvier dernier, c’est Andy Coulson, le rédacteur en chef au moment des faits, qui avait dû démissionner de ses nouvelles fonctions de directeur de la communication de….David Cameron, le Premier ministre britannique.

Les deux journalistes arrêtés mardi se sont rendus eux-mêmes à la police. Ils ne sont pas n’importe qui : dans le lot, se trouve l’un des anciens rédacteurs en chef adjoints du journal, Ian Edmondson. Il a été licencié au mois de janvier, après la découverte d’emails prouvant qu’il était au courant des écoutes. L’identité du second n’a pas été révélée, mais les médias britanniques misent sur Neville Thurlbeck, reporter en chef du quotidien et dont le nom n’est pas nouveau dans l’affaire selon le quotidien américain The Huffington Post. En 2009, des députés qui suivent le dossier avaient eu copie d’un mail adressé au journaliste retranscrivant des propos enregistrés de célébrités.

Des actes pas si isolés

News of the World ne s’est jamais privé de méthodes peu conventionnelles pour révéler des scandales. En 2010, Sarah Ferguson avait accepté de "monnayer" l’accès à son ex-mari le prince Andrew à un journaliste qui s’était fait passer pour un riche homme d'affaires étranger. En 2008, des photos d’une soirée sado-maso du président de la FIA, Max Mosley, avaient été publiées, au cours desquelles celui-ci reproduisait le décor des camps de concentration nazis. News of the World avait révélé également, au début des années 1980, que la James Bond Girl Caroline Cossey était transsexuelle. En 2002, le prince Harry, alors mineur, apparaissait dans les pages du tabloïd en train de consommer alcools et drogues…

Fleuron des très nombreux titres détenus par le magnat des médias Rupert Murdoch, News of the World tire chaque dimanche à 2,7 millions d’exemplaires, un chiffre considérable. Le tabloïd ne cesse de clamer que le scandale des écoutes est le fait d’actes isolés au sein de sa rédaction. Mardi, dans un communiqué, l’hebdomadaire insistait d’ailleurs sur le fait qu’il "ne tolèrerait aucun acte répréhensible au sein du journal". Une posture dénoncée par nombre des employés du titre, pour qui les écoutes téléphoniques étaient une pratique courante et connue de tous. L’affaire lui a déjà coûté des millions de livres en frais de justice, indique le quotidien britannique The Telegraph. Ce n’est manifestement pas terminé…