Ce qu'il s'est (vraiment) passé au Niger

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avec Emilie Denètre et Emmanuel Renard , modifié à
Deux otages français ont été tués. Mais dans quelles circonstances exactes ? Le récit évolue.

Des enquêteurs français sont arrivés dimanche soir au Niger pour faire toute la lumière sur la mort de deux Français pris en otages à Niamey puis tués. Que s’est-il vraiment passé ? Europe 1 a commencé à retracer le film, de l’enlèvement à l’annonce de leur décès. Mais les explications données par les autorités françaises ont évolué au cours des dernières heures.

L'enlèvement. Vendredi soir, un peu avant 23h, des 4X4 Toyota quittent la capitale à vive allure. A bord du véhicule, les deux Français enlevés alors qu’ils dînaient dans un restaurant de Niamey, la capitale du Niger. En visite à Niamey lundi, le ministre français de la Défense Alain Juppé a dit avoir "absolument" la confirmation de l'implication d'Aqmi dans l'enlèvement des deux Français.

Le convoi prend alors la route du Nord, vers le Mali. Une course contre-la-montre s'engage. Il faut éviter à tout prix que les ravisseurs ne se perdent dans cet océan de sable, explique Pierre Servant, spécialiste des questions de défense. "A partir du moment où les groupes de combat terroristes passaient au Mali, ils étaient en terre amie et pouvaient trouver des refuges (…) Les chances de les sortir diminuaient encore", précise l’expert.

Un premier assaut. L'armée nigérienne, qui a filé les ravisseurs depuis Niamey, donne un premier assaut vers 3 heures du matin. Sans succès. Des soldats nigériens sont même tués. C'est à ce moment-là que la France intervient. Depuis les Antilles où il est en visite officielle, Nicolas Sarkozy donne son feu vert pour le lancement d’une opération militaire.

Un second assaut. La seconde attaque a eu lieu samedi. Mais elle s'est déroulée en territoire malien, selon les informations communiquées lundi par François Fillon. Et non avant la frontière, comme l'avaient laissé entendre les premiers récits de l'affaire. Le Premier ministre a aussi précisé que seules forces françaises y avaient participé, mais avec l'accord de Bamako.

Un avion de reconnaissance retrouve la trace des ravisseurs. Une opération franco-nigérienne se monte en quelques minutes. Un hélicoptère dépose des commandos français sur le trajet des kidnappeurs. S'ensuit un échange nourri de coups de feu.

Une fin sanglante. Plusieurs preneurs d’otages sont tués, deux militaires français blessés, et surtout, Antoine et Vincent sont retrouvés morts. Selon le Niger et la France, ils ont été exécutés par leurs ravisseurs et ne sont pas morts sous les balles des militaires. Les corps des deux otages, actuellement dans une clinique privée de la capitale, doivent être rapatriés mardi, selon des parlementaires français.

Certains complices des ravisseurs "ont dû s'enfuir dans le désert", d'autres ont été "neutralisés", a précisé lundi François Fillon. Interrogé pour savoir si ces derniers avaient été tués ou arrêtés, le Premier ministre a répondu : "il y a les deux cas de figure".