Cameron encensé en Grande-Bretagne

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Sophie Amsili , modifié à
La presse britannique salue "la victoire" du Premier ministre qui a fait reculer le budget de l'UE.

"Réjouissons-nous ! David Cameron a libéré le Machiavel en lui." L'injonction, venue de l'historienne Ruth Dudley Edwards sur son blog sur le site du Telegraph, reflète l'état d'esprit dans la presse britannique samedi, au lendemain du sommet européen qui a vu le Premier ministre britannique imposer ses vues. S'alliant notamment l'Allemagne, la Grande-Bretagne a ainsi fait pression pour réduire le budget européen pour la première fois de l'histoire de l'UE.

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Sur son compte Twitter, Cameron a aussitôt annoncé la nouvelle :

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Du côté des tabloïds, en tête des eurosceptiques, l'heure est à la fête. David Cameron a réussi "un coup diplomatique majeur", se félicite le Daily Mail, qui souligne les "centaines de milliers de livres" que les contribuables britanniques n'auront pas à payer. Mais le tabloïd retient surtout "la mauvaise nouvelle", dont est responsable Tony Blair : la contribution de la Grande-Bretagne va quand même augmenter à cause des concessions de l'ancien Premier ministre travailliste en 2005 sur des investissements stratégiques en Europe de l'Est.

Pour The Sun, c'est carrément une bataille de gagnée. "D-Dave", écrit le tabloïd, jouant sur les mots "Jour J" (D-Day) et le prénom du Premier ministre. "David Cameron a remporté une victoire aujourd'hui." Quant à François Hollande, il est le "grand perdant" de ce sommet, juge le journal.

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"La Grande-Bretagne a une dette envers l'Allemagne"

"Même les Français le disent : David Cameron a fait un quasi sans-faute", se félicite de son côté l'hebdomadaire libéral The Economist, citant un responsable français qui qualifie le Premier ministre britannique de "vrai négociateur, très, très tenace". Qui plus est, "il ne s'est même retrouvé à batailler seul", note le journal. Une critique, toutefois : "David Cameron a donné la priorité à la taille du budget plutôt qu'à sa qualité".

Le Guardian voit, lui, "deux vainqueurs, un statu quo et un perdant" à l'issue du sommet européen. Statu quo pour "l'efficacité et la cohérence de l'UE" et une défaite pour les conservateurs, dont "beaucoup préfèreraient qu'il n'y ait pas de budget européen plutôt qu'un budget qui a du sens". A l'inverse, pour le quotidien de centre-gauche, l'Europe sort "renforcée" avec cet accord sur son budget mais avec un bémol : elle échoue à le moderniser. Certes, les crédits pour la recherche augmentent un peu, mais le problème des subventions à l'agriculture n'est pas abordé.

David Cameron sort lui aussi grandi, "fidèle aux meilleures passages de son discours sur l'Europe le mois dernier". Mais, rappelle le quotidien, il doit se souvenir que "la Grande-Bretagne a une dette envers l'Allemagne, qui a été un allié crucial cette semaine." Enfin, le journal se félicite des alliances et des négociations engagées par la Grande-Bretagne avec les autres pays. "Elle a fait ce qu'un Etat membre engagé dans l'UE doit faire. (…) Il est préférable pour nous d'être dans l'Europe, de jouer notre rôle, plutôt que d'en partir. [Pour la Grande-Bretagne], c'est la grande leçon de ce sommet". Un point de vue engagé alors que David Cameron a promis, en cas de réélection, un référendum sur l'appartenance de la Grande-Bretagne à l'Union européenne.

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