Brésil : la mobilisation s'enracine

A Brasilia, les manifestants ont attaqué le ministère des Affaires étrangères
A Brasilia, les manifestants ont attaqué le ministère des Affaires étrangères © Reuters
  • Copié
Charles Carrasco avec Anne Vignat, correspondante au Brésil et AFP , modifié à
Des manifestations ont rassemblé plus d'un million de personnes, faisant un mort accidentel.

L’INFO. Au Brésil, malgré les gestes du pouvoir, la contestation contre la vie chère ne faiblit pas. Des manifestations monstres qui ont rassemblé plus d'un million de personnes dans une centaine de villes ont dégénéré, faisant un mort accidentel et des dizaines de blessés. La présidente, Dilma Roussef a annulé son voyage au Japon et a convoqué une réunion de crise.

Que s’est-il passé ? A Ribeiro Preto, dans l'Etat de Sao Paulo, un manifestant de 18 ans est mort renversé par une voiture, a annoncé la police. D'après la presse locale, le véhicule a tenté de contourner un groupe de manifestants qui bloquaient une rue et a renversé trois personnes, dont la victime.

A lire : TEMOIGNAGES :Un sentiment d'abandon

A Rio de Janeiro, dans le sud-est du pays, où plus de 300.000 personnes ont manifesté, des heurts violents ont éclaté devant la mairie entre un groupe de manifestants radicaux et la police qui a tiré des gaz lacrymogènes et des balles en caoutchouc. Au moins 62 personnes ont été blessées dont un journaliste de la TV Globo, touché au front par une balle en caoutchouc. Des manifestants ont brisé des vitrines, pillé au moins un magasin d'électroménagers et une grande confusion a régné tout la soirée.

Mauricio, l'un des manifestants, rentrait tranquillement chez lui lorsqu'il a été coincé par la police. "C'est une honte. La police a attaqué une manifestation pacifiste ordonnée. Ils ont lancé des bombes. Les gens se sont mis à paniquer. Ils ont couru", a-t-il témoigné au micro d'Europe 1.

A Brasilia, dans le centre du pays, des manifestants ont attaqué le ministère des Affaires étrangères d'où ils ont été refoulés de justesse par la police. Un groupe de manifestants a réussi à briser une des portes vitrées d'entrée du bâtiment officiel et a été empêché in extremis d'y pénétrer par la police. 55 fenêtres ont été brisées ainsi qu'un vitrail de la cathédrale projetée par Oscar Niemeyer. 35 manifestants ont été blessés dont trois gravement.

brasil 930

© Reuters

>>> A lire : INTERVIEW : "Tous les ingrédients étaient là"

A Vitoria, dans le sud-est du pays, un groupe de manifestants a détruit les cabines de péage d'un pont qui relie la ville à sa voisine. Devant le tribunal de Justice, le bataillon de choc a dû intervenir avec des gaz lacrymogènes pour disperser un groupe radical.

A Salvador de Bahia, dans le nord-est du pays, théâtre de la première manifestation dans l'après-midi, des affrontements violents ont également éclaté entre une partie des 20.000 manifestants et les policiers.

A lire : DECRYPTAGE :Les raisons de la révolte

A Sao Paulo comme à Rio, les protestataires s'en sont pris, parfois violemment, à des militants de gauche syndicaux ou du Parti des travailleurs (PT) au pouvoir, qui se sont fait arracher et brûler leurs drapeaux.

Une réunion de crise autour de la présidente. La présidente du Brésil, Dilma Rousseff, a annulé son voyage au Japon et a convoqué une réunion de crise avec ses ministres les plus proches, vendredi matin. Le ministre de la Justice, Eduardo Cardoso, participera notamment à la réunion, selon le site de la Folha, assurant que les autorités de Brasilia ont été "effrayées" et "choquées" par l'attaque du ministère des Affaires étrangères dans la soirée de jeudi par un groupe de manifestants, repoussée de justesse par la police.